CHRISTINE GIRVAN

Directrice générale, Canada, MFS Gestion de Placements Canada Limitée

JEAN-SÉBASTIEN GARANT

Directeur, Ventes et relations avec la clientèle, MFS Gestion de Placements Canada Limitée

christine girvan and jean-sebastien- arant

MFS

"Rien n’est immuable. Le marché des régimes de retraite a énormément changé au cours des 20 dernières années et j’ose dire que les 20 prochaines seront aussi très différentes."

- Christine Girvan

 

"L’investissement, ou la finance en général, est un art plus qu’une science, et c’est un domaine dans lequel on apprend tous les jours."

- Jean-Sébastien Garant

 

Quel est le plus grand défi, à l’heure actuelle, pour les régimes de retraite?

Christine Girvan : Pour les régimes de capitalisation, la suffisance du revenu de retraite constitue le principal défi. Il s’agit donc de voir comment les promoteurs de régimes et le secteur en général peuvent aider les participants à mieux comprendre les principaux éléments de l’équation de retraite. C’est-à-dire de bien saisir l’impact de chacune des composantes de cette équation : cotisations, revenus de placement et retraits. De leur côté, les régimes PD doivent faire face à un tout autre problème, celui de la pérennité dans un contexte de taux d’intérêt toujours faibles. Quelles seront leurs prestations dans cinq à dix ans? C’est l’un des grands points d’interrogation.

Qu’avez-vous appris sur le secteur au fil des années et en quoi cela vous a-t-il aidée à mieux servir vos clients?

CG : Rien n’est immuable. Le marché des régimes de retraite a énormément changé au cours des 20 dernières années et j’ose dire que les 20 prochaines seront aussi très différentes. Face à l’univers en constante mutation des régimes de retraite et aux fluctuations très rapides des marchés financiers, il faut se montrer humble. En tant que gestionnaire d’actifs, nous devons participer au règlement de problèmes complexes des régimes de retraite mais aussi bien comprendre là où nous pouvons vraiment faire la différence.

Quelles sont les tendances que vous observez sur le marché?

CG : Sur le marché des régimes CD, nous constatons une volonté de simplifier les choix pour les participants en leur proposant des solutions de placement qui facilitent les décisions. Les fonds à date cible en sont un exemple. Pour les régimes PD, la focalisation est sur une meilleure compréhension et gestion des risques. Ceci engendre de nombreuses discussions sur la conception des régimes mais aussi sur la façon de mieux gérer les risques liés aux actifs de ces régimes.

Quel événement du marché a eu le plus d’effet sur vous, et comment a-t-il influencé la façon dont vous exercez aujourd’hui vos activités?

CG : Au début de ma carrière, en 1990, j’étais analyste financière, spécialisée dans les sociétés asiatiques, notamment japonaises. Le marché avait atteint un sommet en décembre 1989. C’était mon premier emploi et l’expérience a été très formatrice, notamment en ce qui concerne l’importance que doivent apporter les investisseurs à la gestion des risques. Pendant ces trois premières années de ma carrière, j’ai dû mener mes recherches et trouver des occasions d’investissement dans un marché en profond déclin. À MFS, nous examinons de très près le risque inhérent de chaque placement que nous effectuons pour nos clients.

Quels sont les placements que recherchent aujourd’hui les investisseurs et pour quelle raison?

Jean-Sébastien Garant : Tout dépend de leur objectif. Les régimes de retraite détiennent des obligations, même si les taux d’intérêt sont actuellement très faibles, parce que cet instrument est celui qui correspond le mieux à leurs engagements futurs. D’un autre côté, les investisseurs qui recherchent des placements productifs de revenus, pour un fonds de dotation par exemple, peuvent être attirés par une approche axée sur le rendement total et diversifier leurs placements aux dépens des obligations. En règle générale, la gestion du risque reste toutefois la principale préoccupation. La question est donc de savoir quel gestionnaire permettra à l’investisseur d’atteindre ses objectifs, tout en bénéficiant d’une protection contre le risque de baisse. Et je crois fermement qu’avoir un processus d’investissement qui a fait ses preuves dans des marchés à la hausse comme à la baisse ainsi qu’une philosophie de placement à long terme sont les deux critères les plus importants à rechercher dans un gestionnaire.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce secteur, et pourquoi avez-vous décidé d’y faire carrière?

JSG : L’investissement, ou la finance en général, est un art plus qu’une science, et c’est un domaine dans lequel on apprend tous les jours. Des leçons peuvent bien sûr être tirées de l’histoire, mais tous les marchés haussiers ou baissiers sont différents et toutes les crises financières sont uniques parce que, chaque fois, une nouvelle dynamique et de nouveaux éléments entrent en jeu. Cette complexité me fascine. Mon père était professeur de finance et responsable du comité de retraite à l’Université de Sherbrooke, ce qui a certainement influencé mon choix de carrière. Quand j’étais jeune, il me présentait à des actuaires et à des gestionnaires de portefeuille, et plus j’en apprenais sur leur travail, plus cela me passionnait.

Qu’est-ce que l’avenir nous réserve de plus intéressant selon vous?

JSG : Les cinq dernières années ont été prospères pour les investisseurs et, bien que j’aimerais être optimiste, je m’inquiète de la faible prime de risque qui caractérise aujourd’hui les marchés financiers, malgré l’incertitude économique et les tensions géopolitiques grandissantes. Cela dit, les investisseurs patients et disciplinés continueront d’être récompensés au cours des cinq à dix prochaines années.

Quel est votre principal conseil de voyage?

CG : Il est important d’avoir des solutions de rechange lorsque le beau temps n’est pas de la partie. Le Canada peut connaître des orages violents l’été et de sérieuses tempêtes de neige l’hiver. Il faut gérer le risque que posent les conditions météorologiques et s’armer de patience!

Quel ouvrage sur les placements recommanderiez-vous aux lecteurs?

JSG : Pour ma part, je lis, surtout en ligne, des journaux et revues ayant trait à mon domaine, notamment le Financial Times ou le Wall Street Journal. Je visite aussi des blogues pour m’informer de sujets plus particuliers.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail?

CG : J’apprécie beaucoup la possibilité de contribuer à l’amélioration de la retraite des Canadiens. J’ai aussi l’occasion de rencontrer des gens très différents, notamment des promoteurs de régimes et d’autres spécialistes du secteur, qui peuvent avoir des points de vue très variés sur la voie à suivre. C’est à la fois intéressant et stimulant.

Avez-vous une préférence pour le blackberry ou l’iphone, et pourquoi?

JSG : J’utilise les deux : le BlackBerry surtout pour le travail, et l’iPhone le reste du temps.