La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) se prépare à un ralentissement des marchés boursiers en ajustant sa stratégie pour réduire son exposition aux titres cycliques, comme les financières et le secteur de l’énergie.

La phase de reprise, un moment où les actions cycliques affichent normalement une bonne performance, a été particulièrement rapide, explique Vincent Delisle, premier vice-président et chef des Marchés liquides, lors d’une conférence de presse visant à discuter des résultats du premier semestre de la Caisse, mercredi. « La vélocité de la reprise va ralentir, alors les chiffres de croissance vont être plus modestes. »

L’expert responsable des actions cotées en Bourse et des obligations croit que la Bourse arrive « en milieu de cycle ». Il s’agit d’un moment où les titres de qualité ont le « haut du pavé », ajoute M. Delisle, qui cite en exemple les secteurs de la consommation de base et des technologies. En investissement, une entreprise de qualité est une société peu endettée, dont la croissance des bénéfices demeure relativement stable.

Au cours du deuxième trimestre, l’institution a diminué son exposition aux banques canadiennes et aux pétrolières américaines et canadiennes, mais a accru sa participation dans les géants du web américains.

Un rendement de 5,6 %

La Caisse affiche un rendement de 5,6 % au cours des six premiers mois de l’année, selon ses résultats semestriels publiés mercredi.

Au cours de cette période, l’institution dépasse ses indices de référence pour la totalité de son portefeuille, qui s’établit à 4,4 %, ainsi que dans ses trois catégories d’actifs : revenu fixe, actif réel et action.

Charles Emond, président et chef de la direction, a profité de l’occasion pour vanter « le pivot » stratégique entrepris par la Caisse dans plusieurs de ses portefeuilles. « Le portefeuille se porte très bien », affirme le dirigeant qui est arrivé en poste en février 2019. « Ce sont de bons résultats. Il n’y a pas de portefeuille qui a d’enjeux spécifiques. Les portefeuilles qu’on devait repositionner, on l’a fait. »

La Caisse réajuste sa stratégie tandis qu’elle n’a pas surperformé son indice de référence depuis 2018. Sur cinq ans et sur dix ans, le rendement du portefeuille total est supérieur à l’indice de référence, mais les actifs réels ont obtenu des rendements inférieurs à l’indice de référence sur une période de cinq ans et dix ans.

La sous-performance des actifs réels est attribuable aux centres commerciaux et aux immeubles de bureaux traditionnels détenus par la filiale Ivanhoé Cambridge, durement touchés par la pandémie, selon l’institution.

Remaniement du portefeuille immobilier

 Au cours du semestre, Ivanhoé Cambridge a remanié son parc immobilier afin de réduire son empreinte dans les centres commerciaux et les tours à bureaux traditionnels pour se repositionner vers des secteurs comme la logistique, les technologies et les sciences de la vie, et les projets résidentiels durables.

Près de 40 transactions totalisant 5,1 milliards $ ont été réalisées, explique Nathalie Palladitcheff, présidente et cheffe de la direction de la filiale immobilière de la Caisse. De cette somme, 1,6 milliard $ ont été consacrés aux acquisitions et 1,1 milliard $ en investissement dans les immeubles.

La filiale a également vendu pour 2,4 milliards $ d’actifs. Mme Palladitcheff assure que les actifs en question n’ont pas été cédés au rabais. « Nous n’avons pas fait de sacrifice. Nous n’étions pas trop pressés. Nous ne voulions pas faire quoi que ce soit de stupide. »

Par catégorie

Le portefeuille d’actions, le plus important de la Caisse, affiche un rendement de 12,1 %, toujours pour les six premiers mois de l’année, comparativement à son indice de référence à 12 %. Le portefeuille dans la catégorie des actifs réels progresse de 4,1 %, comparativement à 0,4 % pour l’indice de référence.

Le portefeuille de revenu fixe, pour sa part, a souffert de la hausse des taux d’intérêt, qui déprécie la valeur des obligations. Il affiche un rendement négatif de 1,8 %, contre un recul de 2 % pour l’indice de référence.

La Caisse, dont le siège social est au centre-ville de Montréal, ne dévoile pas la taille de ses actifs au Québec dans ses résultats de mi-année. Au 31 décembre, la taille de l’actif total au Québec était de 68,3 milliards $, dont 50 milliards $ dans le secteur privé. M. Emond assure toutefois que ce chiffre a augmenté au cours du premier semestre.

L’institution a fait croître la taille de son actif net de 20 milliards $ pour le porter à 390 milliards $ en date du 30 juin. Ses charges d’exploitation annualisées s’établissent à 0,23 % de son actif net moyen.