De retour pour une troisième année, le McGill International Portfolio Challenge (MIPC) a poussé les étudiants à entamer une réflexion sur la place des énergies fossiles dans les portefeuilles des investisseurs institutionnels, et à déterminer la meilleure façon d’intégrer les critères ESG dans leurs décisions de placement.
Qualifiée par ses organisateurs de plus importante compétition universitaire d’investissement côté achat (buy-side) dans le monde, le MIPC a rassemblé cette année 87 équipes. Comme lors des éditions précédentes, les participants devaient élaborer une stratégie de répartition d’actif pour un régime de retraite fictif tout en respectant une foule de contraintes.
Lors des dernières éditions du concours, le mandat confié aux participants consistait essentiellement à construire un portefeuille en mesure de renflouer une caisse de retraite largement sous-capitalisée. Cette année, le défi se trouvait ailleurs.
La mise en situation de la troisième édition du MIPC, conçue par des étudiants en finance de l’Université McGill sous la supervision du professeur associé et initiateur de la compétition, Sebastien Betermier, met en vedette le Newfoundland and Labrador Pension Investment Board (NLPIB), un investisseur institutionnel fictif responsable de la gestion des fonds des trois plus grands régimes de retraite du secteur public de Terre-Neuve-et-Labrador.
Les régimes sont en bonne santé financière, mais leur exposition considérable aux secteurs gazier et pétrolier locaux commence à inquiéter différentes parties prenantes. La pression est de plus en plus forte pour adopter un portefeuille de placement plus durable.
La situation est cependant loin d’être simple : une part non négligeable des rendements du fonds proviennent des titres liés aux énergies fossiles. Par ailleurs, le NLPIB a pour mandat de favoriser l’économie de la province, et le secteur énergétique est le premier contributeur au PIB de Terre-Neuve-et-Labrador.
Pour espérer gagner, les équipes en lice devaient donc déterminer s’il était judicieux ou non d’abandonner les investissements dans le secteur pétrolier, et trouver une façon d’intégrer les critères ESG aux stratégies de placement tout en s’assurant d’obtenir des rendements suffisants pour répondre aux besoins de financement des régimes. Tout cela dans un contexte où les différents intervenants au dossier sont extrêmement divisés.
HEC Montréal, encore une fois
Au terme de la phase finale du concours qui s’est déroulée à l’Université McGill le 9 novembre dernier, HEC Montréal est parvenu à remporter le premier prix. L’école de gestion montréalaise avait déjà gagné la première édition du MIPC en 2017.
La stratégie développée par l’équipe gagnante consiste, dans les grandes lignes, à vendre graduellement les deux tiers des actifs liés aux secteurs pétrolier et gazier au cours des 5 à 7 prochaines années.
La stratégie de l’équipe de HEC mise aussi sur l’investissement dans des actifs durables d’infrastructure et d’immobilier, notamment dans le domaine des technologies océaniques et de l’aquaculture, ainsi que sur des investissement locaux susceptibles de créer des emplois dans des secteurs durables de l’économie.
Pour bonifier les rendements et réduire le niveau de risque, les étudiants de HEC ont également proposé d’augmenter à 50 % l’exposition internationale du NLPIB, et d’investir dans une multitude de fonds ESG qui reposent sur des métriques claires, telles que le volume de CO2 émis par les sociétés en portefeuille.
Grâce à leur première place, les participants de HEC Montréal ont remporté un prix de 25 000 $. L’équipe de la National University of Singapore, qui a terminé à la deuxième place, a empoché 10 000 $, alors que l’équipe de l’Université de Sydney est repartie avec 7 500 $ en arrivant sur la troisième marche du podium. L’Université Yale et l’Illinois Institute of Technology se sont classées à la quatrième et cinquième position respectivement.
Les stratégies d’investissement des étudiants ont été analysées par 35 juges œuvrant dans l’industrie canadienne des régimes de retraite et de la gestion d’actif.