Le gouvernement britannique multiplie les communications pour inciter les régimes de retraite du pays à investir massivement leur actif de façon à accélérer la relance post-pandémie. Une initiative qui ne plaît pas vraiment aux principaux intéressés.

Dans une lettre publiée la semaine dernière, le premier ministre Boris Johnson et le chancelier (ministre des finances) Rishi Sunak ont exhorté les caisses de retraite à investir plus d’argent dans des secteurs comme les infrastructures afin « d’aider la nation à mieux se reconstruire » dans la foulée de la pandémie de COVID-19.

Pour le gouvernement, les centaines de milliards de livres contenues dans les caisses de retraite sont une clé de la reprise économique, souligne le Financial Times. Or, ce ne sont pas tous les régimes britanniques qui sont friands des investissements dans les marchés privés comme les infrastructures et le capital de risque. Plusieurs craignent que les frais élevés de ces catégories d’actif grugent les rendements, et que leur plus faible liquidité leur cause des problèmes à long terme.

La requête de Boris Johnson a donc été accueillie plutôt froidement par l’industrie. « Les suggestions selon lesquelles les fiduciaires devraient privilégier les opportunités britanniques pour nous aider à « reconstruire en mieux » ne m’intéressent guère », a déclaré Andrew Warwick-Thompson, un fiduciaire (trustee) de Capital Cranfield, une société professionnelle de fiduciaires, et ancien haut dirigeant du régulateur des pensions du Royaume-Uni. Les placements illiquides doivent suivre le même processus de diligence raisonnable que toute autre décision d’investissement. »

L’économiste John Kay estime de son côté que le gouvernement devrait fournir plus de détails sur les projets d’infrastructure qui pourraient intéresser les caisses de retraite pour les convaincre. Il craint néanmoins que les régimes de retraite ne soient pas la solution pour répondre aux besoins de financement de nouveaux projets nationaux, tels que des lignes ferroviaires ou des centrales électriques.

« Il existe déjà du financement à long terme pour les investissements en infrastructures tels que les routes à péage et les aéroports, mais il s’agit en fait d’un refinancement des actifs existants, souligne-t-il. Ces projets ne sont réellement attrayants que pour les investisseurs institutionnels de grande taille, car les gouvernements et les consommateurs devront y mettre beaucoup d’argent pour les subventionner. »

Le premier ministre Boris Johnson tient toutefois à son idée et a déjà annoncé qu’il prévoyait organiser un sommet sur l’investissement à Downing Street en octobre afin de stimuler les investissements des caisses de retraite dans les secteurs dits productifs pour le pays, comme les infrastructures.