Le plus gros émetteur de carbone d’Australie perd sa direction, sous la pression d’un régime de retraite qui exige le respect des Accords de Paris.

Le fonds de pension australien HESTA a participé à l’éviction des deux principaux dirigeants d’AGL Energy, la plus grande entreprise énergétique d’Australie, et son premier émetteur de carbone, sur fonds de contestation de leur stratégie de scission de la firme.

Le président et le directeur général d’AGL Energy ont annoncé leur démission, après que leur plan de division de l’entreprise en deux parties a rencontré l’opposition d’investisseurs de premier rang. Parmi ces contestataires figurent le milliardaire Mike Cannon-Brookes, qui milite pour la lutte au changement climatique et qui est le premier actionnaire – minoritaire – d’AGL Energy, mais aussi le fonds de pension HESTA.

Le milliardaire et le régime de retraite sont parvenus à rallier à eux suffisamment d’actionnaires pour empêcher la direction d’AGL Energy d’obtenir 75 % des votes à l’assemblée générale, afin de valider leur plan de scission de l’entreprise en deux entités, rapporte le média australien ABC.

Les deux dirigeants soutenaient que la scission allait créer de la valeur pour les actionnaires. Cette opération visait à se départir des centrales à charbon. Mais les investisseurs opposés à cette vente affirment qu’il revient à AGL Energy d’assurer elle-même la décarbonation de ses activités. À elles seules, les centrales électriques au charbon et au gaz d’AGL représentent environ 8 % de l’empreinte carbone de l’Australie.

Quatre membres du conseil d’Administration d’AGL Energy vont également démissionner. L’entreprise va revoir entièrement sa stratégie, a-t-elle annoncé.

« Le bain de sang qui a eu lieu aujourd’hui dans la salle du conseil d’administration d’AGL était prévu depuis des années et aurait dû avoir lieu depuis longtemps », a affirmé Harriet Kater, la responsable du climat au Centre australien pour la responsabilité des entreprises (ACCR), en entrevue avec ABC. « Bien avant l’annonce de la scission en mars 2021, les investisseurs institutionnels ont exprimé leurs frustrations face au manque de leadership d’AGL. (…) Avec l’abandon de la scission, le départ de quatre directeurs est une étape bienvenue vers un avenir plus radieux pour les actionnaires d’AGL. »