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Les employeurs devraient davantage faire connaître leurs droits aux employés bénéficiaires d’un compte de gestion de santé, tant cet outil change leur manière de considérer leurs dépenses de santé.

Cette enveloppe annuelle dédiée au remboursement des soins de santé ne cesse de gagner en popularité au Québec. L’assureur La Survivance propose même ce produit aux petites et moyennes entreprises (PME) depuis le 1er mars dernier, alors qu’il n’était jusqu’à présent distribué qu’auprès des grands groupes.

« En assurance collective, on est arrivé à un point de bascule où les régimes coûtent cher et où la valeur perçue n’a jamais été aussi basse », explique Stéphane Rochon, vice-président, Ventes et marketing à La Survivance. « L’enjeu est maintenant que la valeur perçue soit meilleure tout en maîtrisant les coûts. Chaque année, l’employé sait qu’il a un mille dollars qui tombe, et qu’il peut l’utiliser pour ses frais de santé non remboursés par ailleurs. La valeur perçue est excellente. Cela permet à la PME de dire qu’elle a un régime collectif qui couvre les soins majeurs », illustre M.Rochon, qui soutient que « les régimes collectifs doivent être pensés comme un avantage, pas comme une dépense. »

Mais cet avantage peut être sous-utilisé par ses bénéficiaires, qui ne dépenseraient en moyenne que 50 % à 60 % du montant auquel ils ont droit, croit Alain Robillard, membre du partenariat dans l’équipe santé et avantages sociaux chez Mercer à Montréal. Ce pourcentage est-il dû à des besoins insuffisants ou à une méconnaissance de la procédure de réclamation ? Quelle que soit la réponse à cette question, l’entreprise pourrait s’en satisfaire, étant donné que les montants inutilisés sont autant d’économies pour son budget. En effet, l’assureur ne facture à l’entreprise que les sommes effectivement réclamées durant l’année par ses salariés.

« Si l’employeur décide de mettre en place un compte de gestion de santé, c’est pour l’utiliser et pour que les employés voient la valeur perçue », contredit Jacques Parent, vice-président principal, assurance collective à l’Industrielle Alliance, qui revendique 150 clients dotés de comptes de gestion de santé au Canada, dont un peu moins de la moitié au Québec.

Assumer sa stratégie
Proposer un compte de gestion de santé à ses employés, c’est une stratégie délibérée de diriger son argent vers des programmes de santé, renchérit Alain Robillard. « L’entreprise pourrait aussi verser cet argent sous forme de paiement comptant ou de versement dans un REER », explique-t-il. « Mais, d’un point de vue fiscal, le compte de gestion de santé est un compromis entre ces deux options. »

En opérant ce choix, l’entreprise place le salarié dans un rôle de gestionnaire de ses propres dépenses de santé. « Les comptes de gestion de santé viennent avec la responsabilisation des employés », illustre Alain Robillard.

Comment l’entreprise peut-elle s’assurer que ses employés vont s’approprier ce nouveau rôle ? « Le truc, c’est la communication! », répond Alain Robillard, pour qui l’employeur devrait communiquer régulièrement sur le compte de gestion de santé. « Le salarié vit un gros changement car il devient responsable de la gestion d’un montant. Dans un régime traditionnel, tant qu’il ne réclamait rien, il ne perdait rien », poursuit M.Robillard. « Là, on lui donne la flexibilité de prendre des sommes de son employeur. À lui de les gérer. »

Mais pour exercer sa fonction de gestionnaire de ses dépenses de santé, l’employé doit savoir comment il peut réclamer le montant auquel il a droit, dans quel délai, et pour quel type de dépenses. « L’employeur a un devoir de rappeler les règles du compte de gestion de santé », croit M.Robillard.

La plupart des assureurs proposent un site Internet où les employés peuvent voir le solde annuel de leur compte. Le montant restant peut aussi figurer sur les relevés de versement. Dans son offre aux PME, La Survivance souhaite aller plus loin en proposant à ses clients d’envoyer une personne faire une présentation aux employés. « Si l’employeur le désire, nous leur délivrons une formation de 15 à 20 minutes », indique Stéphane Rochon.

La communication peut aussi passer par un manuel explicatif. « Quand on introduit ce concept, c’est inportant d’éduquer les gens sur les règles administratives qui régissent les comptes de gestion de santé », observe Alain Robillard. « Souvent, on fait un guide d’adhésion qui explique le fonctionnement du régime flexible. On met une pleine page sur le compte de gestion de santé, en donnant des exemples de dépenses admissibles, et les règles de retard sur l’utilisation des sommes. Cette notion est importante pour qu’ils puissent bien utiliser ces sommes. »

Au moins une fois par an, l’employeur peut rappeler les règles de fonctionnement du régime. « Certains de nos clients communiquent sur une base trimestrielle, en ajoutant de l’information sur la façon de devenir un meilleur consommateur de médicaments », note M.Robillard.

La fin de l’année est également une période propice à la communication sur le fonctionnement du compte de gestion de santé. « C’est le moment de rappeler que les employés ont jusqu’à la fin de l’année pour utiliser les montants », ajoute M.Robillard.

L’entreprise peut profiter de ces occasions pour préciser ce que le compte de gestion de santé rapporte à l’employé. « En général, un compte de gestion de santé est payé à 100 % par l’employeur, sans contribution des employés », rappelle Jacques Parent, avant d’ajouter que ce compte permet le paiement de frais non remboursables dans les régimes traditionnels. « Certains comptes de gestion de santé peuvent rembourser toutes sortes de frais, comme l’abonnement à un gym. C’est plutôt une forme différente de salaire. »

Un marché prometteur pour les PME
« Le besoin des comptes de gestion de santé est beaucoup plus logique dans une PME que dans une grande entreprise, parce que la PME a rarement un régime dentaire ou pour les lunettes » soutient M. Rochon. « Je vous donne 500 $, vous le prendrez pour vos lunettes ou votre chiro. Cela permet d’élargir le spectre des garanties couvertes par les PME. Il n’y en a pas une sur cent qui a une couverture orthodontique. »