Malgré l’amélioration de la situation financière des travailleurs québécois, le quart d’entre eux ne parviennent pas à épargner une partie de leurs revenus pour la retraite.

Ainsi, 24 % des travailleurs québécois déclarent dépenser la totalité de leur paie nette, indique un sondage réalisé auprès de plus de 5 000 employés canadiens pour le compte de l’Association canadienne de la paie (ACP). C’est le pourcentage le plus bas au Canada, alors que la moyenne canadienne est de 35 %.

Côté épargne, 79 % des répondants québécois qui essaient d’épargner davantage ont été en mesure de le faire (soit le pourcentage le plus élevé au Canada par rapport au taux de 69 % des employés canadiens). Cependant, la majorité d’entre eux (63 %) déclarent avoir épargné 10 % ou moins de leurs revenus, soit un pourcentage bien au-dessous du niveau d’épargne recommandé, selon l’ACP.

Au Québec, tout comme dans l’ensemble du pays, 72 % des travailleurs concèdent qu’ils épargnent seulement un quart ou moins de leur objectif d’épargne-retraite. L’âge de retraite ciblé de 61 ans n’a pourtant pas changé par rapport à 2017.

Combien pour la retraite?

Combien les Québécois estiment-ils avoir besoin d’accumuler pour vivre une retraite confortable? Seulement 36 % d’entre eux affirment avoir besoin d’un pécule de plus d’un million de dollars (par rapport à 50 % au Canada), tandis que 39 % des Québécois (32 % à l’échelle nationale) indiquent qu’ils devront travailler plus longtemps que ce qu’ils avaient planifié il y a cinq ans, principalement parce qu’ils n’ont pas atteint leur objectif d’épargne-retraite (36 % au Québec et 32 % à l’échelle nationale).

À noter que c’est la première fois dans le cadre de ce sondage annuel que les employés se préoccupent davantage de l’équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle (33 %) que d’obtenir une rémunération plus élevée (26 %). C’est surtout vrai pour les milléniaux dans la trentaine puisque 38 % d’entre eux considèrent cet équilibre comme étant le facteur le plus important.

Il est également bon pour les employeurs de noter que 46 % des employés déclarent que le stress créé par leur situation financière personnelle a un impact sur leur rendement au travail; et ce chiffre risque d’empirer, soutient l’ACP.

Comment les entreprises peuvent-elles aider leurs salariés à mettre un peu d’argent de côté? En leur permettant d’épargner automatiquement grâce à des retenues à la source sur leur paie. À l’heure actuelle, 53 % des répondants indiquent que leur employeur offre cette option aux employés bien que 44 % des employés n’en profitent pas.

Le sondage révèle en outre que 84 % des employés souhaiteraient participer à des formations financières en milieu de travail. Selon l’ACP, les employeurs sont bien placés pour leur fournir des outils et des ressources de littératie financière pour les aider à réussir.

Endettement croissant

Faute d’épargne, bien des travailleurs québécois ne disposent d’aucun coussin de sécurité financière. Ils sont 17 % au Québec, soit un sur six, à être incapables de trouver 2 000 $ pour parer à une urgence le mois suivant, précise le même sondage. Là aussi, la moyenne canadienne est plus élevée (20 %).

Cette absence de réserve financière pourrait rapidement mettre ces travailleurs en position délicate. Si leur paie était en retard, 31 % des Québécois reconnaissent qu’ils auraient des difficultés à honorer leurs obligations financières. « Quand la paie arrive en retard, on voit les gens tomber en détresse, constate Christian Coutu, administrateur de l’ACP. Ça crée un stress financier important. »

Pourtant, les rémunérations des travailleurs, au Québec comme au Canada, semblent s’améliorer, selon les mêmes personnes interrogées par le sondage. Au Canada, 66 % des travailleurs affirment ainsi se trouver dans une meilleure position financière qu’en 2017.

Mais cette amélioration ne se reflète ni dans l’endettement ni dans le niveau d’épargne. 45 % des travailleurs canadiens se disent accablés par leur endettement, soit 5 % de plus que l’an passé. « Au lieu d’en profiter pour se désendetter ou augmenter l’épargne, on continue à augmenter l’endettement, observe Christian Coutu. En n’agissant pas, on augmente encore les risques à long terme de manquer d’argent. »

Un bon coussin de sécurité financière peut être constitué en deux ans, à condition d’épargner 10 % de son salaire, explique M. Coutu. « Mais si 10 % c’est trop, il faut commencer à 1 %, quitte à augmenter à 2 % la deuxième année, et ainsi de suite », recommande l’administrateur de l’ACP.

Cette réserve financière n’est pas de trop face aux imprévus… et même face aux événements prévus. « Beaucoup de familles se retrouvent face à des difficultés au moment de vivre un congé maternité avec les seules prestations gouvernementales, constate-t-il. Épargner, ça ne sert pas seulement pour la retraite! »