Pour faire face aux coûts de logement en hausse, les Canadiens sont de plus en plus nombreux à sacrifier leur épargne-retraite, selon un sondage de Co-operators.

Les locataires et les titulaires de prêts hypothécaires sont les plus touchés, montre le sondage, mené auprès de 1 500 adultes canadiens en janvier. Les locataires semblent surtout aux prises avec leurs dépenses quotidiennes, la majorité (77 %) indiquant ne pas avoir commencé à épargner pour la retraite ou avoir épargné un montant inférieur à celui que leur plan visait à cet âge.

Plus de la moitié des titulaires de prêts hypothécaires (51 %) disent également avoir accumulé moins d’argent que prévu.

Les propriétaires sans hypothèque semblent pour leur part être en meilleure position pour leurs vieux jours : les trois-quarts (76 %) disent avoir épargné autant sinon plus que prévu, et trois personnes sur dix (32 %) disent avoir épargné plus que prévu pour leur retraite.

Dans l’ensemble, la population canadienne est résignée à vivre une retraite qui ne ressemble en rien à celle des générations précédentes. Plus de la moitié (57 %) des propriétaires sans hypothèque ont confiance en leur REER et autres économies pour financer leur retraite, mais cette confiance est beaucoup moins présente chez les titulaires de prêt hypothécaire et les locataires. Seulement 28 % des titulaires de prêt hypothécaire (trois sur dix) et 22 % des locataires pensent que leur REER et leurs économies suffiront.

Face au coût de logement et aux taux d’intérêt plus élevés, beaucoup de locataires (43 %) et un bon nombre de titulaires de prêt hypothécaire (23 %) ne savent pas exactement comment ils et elles financeront leur retraite, alors que seulement 13 % des propriétaires sans hypothèque vivent cette incertitude.

Une forte proportion de titulaires de prêt hypothécaire (48 %) et de locataires (38 %) s’attendent à travailler — à temps plein ou partiel — après 65 ans, âge traditionnel de la retraite, alors que seulement le quart (24 %) des propriétaires sans hypothèque ont cette perspective.

« Les résultats de ce sondage montrent que les Canadiens font face à un choix difficile : payer leurs dépenses courantes actuelles ou mettre de l’argent de côté pour plus tard. Le problème, c’est qu’oublier leurs objectifs à long terme risque de leur préparer un avenir monotone », commente Jessica Baker, première vice-présidente à la gestion de patrimoine au détail chez Co‑operators.

Pessimisme ambiant

Les conclusions du sondage de Co-operators rejoignent celle d’un sondage publié plus tôt ce mois-ci par l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers. Une forte majorité des répondants (81 %) ont indiqué être plus préoccupés par le paiement des biens de première nécessité comme l’épicerie que par l’épargne-retraite. Près de la moitié d’entre eux (44 %) affirment en outre que le coût élevé de la vie les empêche de commencer à épargner pour leur retraite.

Ce contexte économique difficile alimente le pessimisme d’un Canadien sur cinq, qui pense ne jamais pouvoir prendre sa retraite. Par ailleurs, à peine 17 % des répondants pensent que leur qualité de vie sera meilleure lorsqu’ils prendront leur retraite.

Cette ambiance morose est également palpable dans les résultats du dernier sondage sur la confiance des investisseurs de Gestion mondiale d’actifs Scotia. La confiance des Canadiens dans leur capacité à assurer leur retraite a diminué, passant de 81 % en janvier 2023 à 77 % en novembre 2023.

De plus, 60 % des répondants estiment que les conditions économiques actuelles ont bousculé leurs plans de retraite. Un revenu mensuel fixe à la retraite constitue l’objectif financier le plus courant chez plus d’un tiers (34 %) des investisseurs qui n’ont pas encore pris leur retraite.

Près de six répondants sur dix disent par ailleurs que leurs placements leur causent des inquiétudes, des préoccupations ou de l’anxiété. Plus de la moitié des personnes interrogées (58 %) demeurent pessimistes au sujet de leurs placements. Près d’un répondant sur cinq (19 %) songe également à réduire son taux d’épargne au cours de la prochaine année, beaucoup d’entre elles étant touchées par la hausse des dépenses des ménages.

Épargner sans plan précis

L’étude annuelle sur la retraite d’IG Gestion de patrimoine recèle quant à elle une bonne et une moins bonne nouvelle.

La bonne, c’est que 72 % des adultes canadiens de 35 ans ou plus ont commencé à épargner en vue de leur retraite. La moins bonne, c’est que 42 % d’entre eux épargnent sans avoir un plan précis en tête, alors que seulement 45 % peuvent affirmer avec confiance combien d’argent il leur faudra à la retraite.

Enfin, seulement le quart des répondants prennent en considération l’inflation et l’évolution de la conjoncture économique dans leur plan d’épargne-retraite.