Bien sûr, l’employeur peut influencer positivement l’épargne des femmes en vue de leur retraite, non seulement en offrant de la formation au sujet des placements financiers, mais aussi en assurant l’équité salariale au sein de l’entreprise.

« ­Il est important de mettre en place un programme d’accès à l’égalité et d’informer l’ensemble des employés des raisons derrière cette mesure, mentionne ­Hélène ­Charron. Dans certains milieux, il est très difficile de recruter des femmes, même quand on souhaite qu’il y en ait plus. Mais il y a tout un programme d’éducation et de sensibilisation à mettre en place dans les milieux de travail pour favoriser une meilleure perception des mesures de soutien au travail des femmes dans les milieux non traditionnellement « féminins ». »

Par ailleurs, ­Mme ­Charron considère que les employeurs ont un rôle important à jouer pour favoriser un partage équitable des responsabilités familiales entre les hommes et les femmes. « ­Les politiques d’application ­travail-famille viennent favoriser un meilleur partage entre les hommes et les femmes, ­dit-elle. Il ne s’agit pas d’adopter des mesures qui s’adressent directement aux femmes, mais plutôt celles qui encouragent l’ensemble des travailleurs et des travailleuses à s’investir dans les tâches domestiques. C’est une façon de permettre aux femmes d’avoir plus de disponibilité pour le travail rémunéré. »

Josée ­Blondin ne croit pas non plus que les employeurs devraient mettre en place des mesures destinées spécifiquement aux femmes. « ­Il faut reconnaître qu’il existe des différences entre les hommes et les femmes afin de pouvoir s’ajuster, mais il ne faut pas adopter des volets distinctifs, ­dit-elle. Il faut assurer une égalité en tenant compte des différences. Si on permet à chacun de s’exprimer et si on implante un mode de rémunération uniforme selon les compétences et les aptitudes de chacun, on n’a pas besoin de faire des distinctions. »

«Si on implante un mode de rémunération uniforme selon les compétences et les aptitudes de chacun, on n’a pas besoin de faire des distinctions.»

Josée Blondin, InterSources

La réforme du ­RRQ

D’autre part, le ­CSF se réjouit que plusieurs de ses recommandations aient été retenues dans le cadre du projet de réforme du ­RRQ, notamment le maintien de la rente du conjoint survivant, dont les femmes sont les principales bénéficiaires, et la prise en compte de l’exécution des tâches de proche aidant. « ­Il était question d’une pénalité pour les personnes qui se retirent du marché du travail avant 65 ans, ce qui aurait désavantagé les femmes plutôt que les hommes », affirme ­Hélène ­Charron.

Agir en amont

Les expertes consultées s’entendent toutefois pour dire que les mesures prises sur le marché de l’emploi ne seront jamais aussi efficaces que le travail qui pourrait, et devrait se faire en amont pour corriger les inégalités entre les hommes et les femmes. En effet, la socialisation différente des filles et des garçons nécessite d’agir plus efficacement en éducation.

« ­Le fait que les choix professionnels sont encore à peu près les mêmes qu’il y a 50 ans est préoccupant, déclare ­Hélène ­Charron. Encourager les filles à aller vers des métiers non traditionnellement « féminins » est une façon d’améliorer les conditions économiques des femmes, puisque les emplois « masculins » sont généralement mieux rémunérés. »

Agir en éducation dès le préscolaire et le primaire permettrait aussi « d’amener les jeunes à prendre conscience des inégalités entre les hommes et les femmes et de développer toutes les capacités qui favoriseront le partage équitable du travail rémunéré et du travail non rémunéré », ajoute ­Hélène ­Charron. Dans un avis sur le milieu scolaire publié en 2016, le ­CSF recommande notamment de proposer des cours d’éducation à l’égalité afin d’agir sur le rapport à l’économie et à l’investissement des garçons et des filles.

Car un marché de travail plus égalitaire, ainsi qu’une société qui partage mieux les rôles et responsabilités entre hommes et femmes, risque aussi d’entraîner des résultats plus équitables en matière d’­épargne-retraite.

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Groupe d’âgeCotisants/Population (%)Nombre de cotisantsGains réels moyens ($)Gains admissibles moyens ($)
FHFHFHFH
18-1964,662,7263 770270 07515 71219 54915 01418 307
20-2473,975,3
25-2975,879,3195 348210 72730 61936 59128 06831 873
30-3475,680,9212 591236 30436 61346 71131 66436 717
35-39 77,181,8210 479231 72342 56954 30534 46938 656
40-4478,882200 577218 15846 14659 28435 55639 263
45-4979,781,2225 745237 50946 61361 86935 60439 733
50-5476,980,1246 497261 31045 23163 27935 13739 894
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60-6439,350,6103 753133 14633 58650 91820 12224 092
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70+2,46,912 89927 15623 63044 377119107
Total56,4641 905 5202 104 08637 09249 60329 39633 110

Source : Retraite Québec, « Les femmes et la retraite : perspectives pour elles du projet de réforme du Régime de rentes du Québece », mémoire publié par le Conseil du statut de la femme, 2017.

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