Aujourd’hui devenus la norme dans les régimes de retraite à cotisation déterminée (CD), les fonds axés sur une date d’échéance ont permis aux participants d’obtenir de meilleurs rendements sur leur épargne-retraite que les options de placement à la carte. Ces fonds devront toutefois évoluer au cours des prochaines années pour continuer de répondre aux besoins des employeurs et des employés, notamment en s’ouvrant davantage aux catégories d’actif spécialisées.

Un récent rapport de Placements mondiaux Sun Life montre que les investisseurs qui ont recours uniquement aux fonds axés sur une date d’échéance ont obtenu historiquement un rendement net moyen supérieur d’environ 1 % sur cinq ans à celui des investisseurs qui n’ont pas eu recours à de tels fonds.

Par exemple, entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2018, les participants de régimes de capitalisation investis uniquement dans des fonds à date cible ont obtenu un rendement annualisé moyen de 6,0 %, comparativement à un rendement moyen de 5,1 % pour les participants investis uniquement dans des fonds à la carte. Appliqué à un compte dont le solde est de 57 465 $, ce rendement excédentaire annuel se traduit en 3 210 $ d’épargne de plus au bout de cinq ans.

Cet écart de rendements pourrait s’expliquer entre autres par le fait que les participants qui établissent leur propre portefeuille détiennent en moyenne un pourcentage relativement constant d’actions tout au long de leur carrière, peut-on lire dans le rapport. Ils se retrouvent ainsi sous-exposés aux actifs de croissance à un jeune âge, et surexposés vers la fin de leur carrière.

Le rapport souligne en outre que les fonds axés sur une date d’échéance se montrent plus résilients en période de recul des marchés. Entre le 1er mai 2019 et le 30 avril 2020, période qui inclut la chute boursière du début de la pandémie, les participants uniquement investis dans des fonds à date cible ont obtenu un rendement négatif de 2,26 %, alors que les participants ne possédant pas de tels fonds dans leur portefeuilles ont dû assumer des pertes de 4,08 %.

La proportion de l’actif des régimes de capitalisation investie dans les fonds axés sur une date d’échéance est passée de 7 % en 2010 à 29 % à la fin de 2018. Plus de 35 % des cotisations des participants seraient aujourd’hui dirigées vers des fonds à date cible, tandis que 77 % des promoteurs de régimes de capitalisation canadiens comptant au moins 200 participants désigneraient ce type de fonds comme option de placement par défaut.

Opportunités et défis des catégories d’actif spécialisées

Pour continuer à bien performer, les fonds à date cibles devront cependant s’inspirer du virage entrepris par les régimes à prestations déterminées il y a quelques années et troquer des actifs traditionnels, dont les perspectives de rendements s’affaiblissent, par des actifs non traditionnels. Placements mondiaux Sun Life estime qu’une plus grande diversification des catégories d’actif pourrait améliorer le profil de rendement de ces types de fonds.

Ces catégories d’actif supplémentaires incluent entre autres les titres de placements privés à revenu fixe, les obligations à rendement élevé, les actions mondiales à petites et à moyennes capitalisation, les actions de marchés émergents, ainsi que les titres d’immobilier et d’infrastructures.

Placements mondiaux Sun Life anticipe un rendement plus faible pour un niveau de risque plus élevé dans les catégories d’actif de base. En intégrant des placements illiquides, les fonds à date cible pourraient améliorer leur niveau de performance. En effet, selon les conclusions d’une étude menée aux États-Unis par la Defined Contribution Institutional Investment Association, le fait que les régimes PD aient plus librement recours aux actifs illliquides que les régimes CD s’est traduit par « un écart de rendement significatif » en leur faveur. Entre 1997 et 2014, les régimes PD auraient ainsi obtenu un rendement annualisé supérieur d’au moins 1,1 %.

Placements mondiaux Sun Life juge que les gestionnaires de fonds axés sur une date d’échéance sont pourtant bien placés pour accéder aux marchés illiquides en raison de leur envergure et de leur horizon de placement à long terme. « Les gestionnaires de fonds axés sur une date d’échéance peuvent trouver un équilibre entre les avantages et les risques associés à l’inclusion de catégories d’actif illiquides dans les portefeuilles. », peut-on lire dans le rapport.

Les actifs non traditionnels demeurent néanmoins peu présents dans bon nombre de fonds axés sur une date d’échéance canadiens. Des enjeux liés aux capacités internes limitées des gestionnaires de fonds expliquent leur lente adoption par les régimes de capitalisation. Le coût peut également entrer en ligne de compte, puisque ces catégories d’actif spécialisées comprennent habituellement des frais plus élevés que les catégories d’actif traditionnelles.

« Cependant, les gestionnaires de plus grande envergure peuvent trouver des façons innovatrices d’intégrer efficacement ces catégories d’actif spécialisées dans leurs portefeuilles tout en gérant les coûts et les risques, dans le but d’augmenter leur rendement ajusté au risque après déduction des frais », note le rapport.