Nous avons posé cette fameuse question à Olivier Cassin, directeur du Département Conseil en investissements, pour bfinance. Établi à Londres, M. Cassin est appelé à se déplacer à travers le monde pour y rencontrer des gestionnaires de caisses de retraite afin de connaître leurs besoins et leurs préoccupations.

Selon lui, il y a certainement quelques distinctions entre les caisses canadiennes et européennes, mais il n’est pas près à les qualifier de tendances lourdes. « Les caisses de retraite de façon globale se ressemblent beaucoup plus que l’on aurait tendance à le croire. Les caisses se différencient surtout parce qu’elles ne situent pas toutes au même point. Plusieurs caisses éprouvent d’énormes difficultés de financement ou de solvabilité par les temps qui courent, alors que pour d’autres, la situation n’est pas catastrophique. Ces dernières cherchent plutôt à améliorer leur gestion globale de la caisse », dit-il.

La réduction du risque dans les portefeuilles
M. Cassin mentionne que bon nombre de caisses de retraite européennes cherchent présentement divers moyens pour réduire le risque de leur portefeuille, principalement en modifiant la répartition d’actif de leur portefeuille.

M. Cassin demeure prudent : « Les caisses européennes sont davantage en mode analyse et réflexion, mais il faut néanmoins se demander si le timing est approprié pour ce genre de stratégie. Avec l’éventuelle remontée des marchés, les caisses de retraite voudront en profiter pour relever leur niveau de solvabilité. La dernière chose dont elles ont besoin est de laisser de l’argent sur la table lorsque les marchés seront à la hausse », affirme-t-il.

Par ailleurs, la grande majorité des caisses européennes étudient la mise en place de nouvelles stratégies liées à l’utilisation de produits dérivés notamment. Elles cherchent une combinaison pour optimiser leur rendement et se protéger contre les risques.

« Les caisses en Europe et au Royaume-Uni désirent posséder des placements plus liquides au sein de leur portefeuille. D’autre part, tout comme ici, une attention particulière est accordée à la gestion actif-passif », ajoute M. Cassin.

L’utilisation des produits alternatifs
Autant en Europe qu’en Amérique du Nord, les caisses de retraite recherchent du rendement absolu. Au Canada, on remarque toutefois que les caisses favorisent principalement les placements en immobilier et en infrastructure ainsi que les fonds en capital d’investissement (private equity) pour leur allocation en placements alternatifs.

En Europe, les placements en infrastructure prennent aussi du gallon, mais on observe surtout une préférence pour les fonds de couverture. Ces derniers offrent des rendements intéressants et surtout plus de transparence que lors du passé.

Quelques distinctions notables
M. Cassin se dit un peu surpris de constater que la majorité des caisses canadiennes regardent encore peu vers les marchés émergents, comparativement aux caisses européennes ou même américaines. « C’est probablement à cause de la vivacité du marché des actions canadiennes depuis plusieurs années, mais les caisses canadiennes favorisent largement les investissements locaux, alors qu’en Europe, on perçoit une internationalisation accrue de l’allocation d’actifs. Cependant, peu de caisses de retraite regardent pour des fonds sectoriels en Europe, une tendance que certains investisseurs canadiens privilégient. »

Enfin, contrairement aux caisses européennes, les caisses canadiennes ont une plus forte tendance à se couvrir face à l’inflation. « Cette tendance est plus naturelle ici probablement à cause de la forte concentration de ressources naturelles dans les actions canadiennes », explique M. Cassin en terminant.