Malgré les nombreux discours alarmistes sur l’avenir de la retraite au pays, plus de quatre ménages canadiens sur cinq peuvent espérer maintenir leur niveau de vie une fois l’heure de la retraite venue.

C’est la conclusion qui ressort d’une nouvelle étude réalisée par McKinsey & Company auprès de 9000 ménages actifs et 3000 ménages retraités. Dans son rapport, la firme évoque la fausse perception selon laquelle il existe une véritable crise de la retraite au Canada.

Ainsi, 83 % des ménages étudiés se situent au-dessus du seuil minimum de l’indice de préparation à la retraite (IPR), qui mesure la capacité des ménages à maintenir leur niveau de vie à la retraite en tenant compte à la fois des régimes publics, des régimes d’employeurs et de l’épargne personnelle.

Pour expliquer ces résultats, McKinsey met de l’avant la richesse des ménages canadiens de même que la robustesse des programmes sociaux universels offerts au pays, qui protègent particulièrement bien les ménages à faible revenu. D’ailleurs, 93 % d’entre eux sont en bonne voie de maintenir leur niveau de vie à la retraite.

Par exemple, un couple composé de deux adultes disposant d’un revenu annuel combiné constant de 40 000 $ ou moins pendant la vie active serait en mesure de maintenir son niveau de vie à la retraite en ne comptant que sur les revenus des programmes de Supplément de revenu garanti, de la Sécurité de la vieillesse et des régimes RPC/RRQ.

L’accès à un régime de retraite à prestations déterminées, que ce soit dans le secteur public ou privé, est aussi est un facteur déterminant dans une bonne préparation financière de la retraite, puisque 91 % des ménages qui en bénéficient sont sur la bonne voie. Dans le cas des participants à un régime à cotisation déterminée ou à un REER collectif, cette proportion diminue à 75 %.

Un ménage sur cinq à risque

Malgré ces bonnes nouvelles, environ 17 % des ménages risquent de devoir fortement réduire leur niveau de vie une fois à la retraite. Dans la majorité des cas, ces ménages à revenus moyens et élevés ne cotisent pas suffisamment à un régime à cotisations déterminées ou à un REER collectif ou bien n’ont pas accès à un régime collectif offert par leur employeur. Ils disposent aussi d’économies personnelles sous la moyenne.

Dans l’ensemble, 31 % des ménages ayant accès à un régime de retraite à cotisation déterminée ou à un REER collectif n’y cotisent pas, et un autre 11 % n’y cotise que 5 % ou moins. Les ménages cotisant plus de 5 % à leur régime ont un IPR considérablement plus élevé, note le rapport.

Parmi les ménages n’ayant pas accès à un régime de retraite collectif, 63 % sont sur la bonne voie. Une nette différence existe toutefois entre les « épargnants », qui ont un taux d’épargne supérieur à la moyenne, et les « non-épargnants », dont le taux d’épargne est inférieur à la moyenne.

Alors que 95 % des épargnants sont bien préparés en vue de leurs vieux jours, seulement 46 % des non-épargnants le sont. Les épargnants utilisent plus souvent un compte REER ou CELI, ont davantage recours à des conseils financiers et sont plus susceptibles d’être propriétaires de leur maison et, en moyenne, ont remboursé une plus grande portion de leur hypothèque.

Fausse perception et solutions ciblées

Alors que l’étude révèle que seulement 17 % des ménages sont sur la mauvaise voie en terme de préparation financière pour la retraite, environ 60 % des Canadiens ont affirmé ne pas avoir suffisamment d’argent pour leurs vieux jours. McKinsey explique cet écart de perception par une surestimation des besoins de consommation à la retraite. Selon Statistique Canada, les ménages retraités ne dépensent en moyenne que 67 % de ce qu’ils dépensaient avant la retraite.

À la lumière de ces données, qui révèlent une problématique circonscrite à certaines tranches de la population, McKinsey prône l’élaboration de solutions ciblées en mesure d’aider les groupes qui en ont le plus besoin, tout en évitant d’entraîner des conséquences néfastes pour le reste du système.

De nouvelles solutions qui permettraient aux épargnants de convertir aisément des actifs financiers en rentes annuelles pourraient notamment contribuer à gérer le risque de longévité, qui deviendra de plus en plus fréquent avec la croissance des régimes à cotisation déterminée, avance le rapport.

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