Les gestionnaires de fonds d’infrastructures maintiennent leurs perspectives de rendement élevées, mais voient dans le manque d’expertise des investisseurs une barrière au développement de cette classe d’actifs, selon un sondage du cabinet de conseil en investissements bfinance.
Les répondants au sondage prévoient que les investissements en infrastructures continuent à générer une performance identique ou supérieure à celle des trois dernières années. Les deux tiers des gestionnaires interrogés (67 %), la classe d’actifs devrait dégager au cours des trois à cinq prochaines années une performance moyenne annuelle nette de frais de 15 %.
Plus de la moitié (53 %) des gestionnaires s’attendent à ce que les banquiers, qui participent au développement des projets d’infrastructures en qualité de prêteurs, adoptent dans un contexte post-crise un comportement plus conservateur et réduisent le niveau de levier des fonds d’infrastructures. Enfin, pour 60 % des gestionnaires de fonds, il est aujourd’hui plus difficile d’accéder aux financements que de prendre des participations dans les projets.
« Les caisses de retraite et autres grands investisseurs institutionnels internationaux s’intéressent de plus en plus aux infrastructures, en raison du potentiel de cette classe d’actifs à générer des revenus prévisibles et corrélés à l’évolution des prix sur le long terme, ainsi que pour sa capacité à accueillir des flux d’investissements importants », souligne Vikram Aggarwal, associé principal chez bfinance, qui était de passage à Montréal la semaine dernière.
Transparence sur les frais
Seulement 33 % des gestionnaires de fonds d’infrastructures ont pour habitude de présenter une estimation des dépenses de fonctionnement de leurs véhicules d’investissements, tandis que 54 % ne fournissent aucune estimation des dépenses de fonctionnement et 13 % déclarent ne pas savoir.
« Les investissements en infrastructures sont régis par une structure de commissionnement différente de celle des autres classes d’actifs », explique M. Aggarwal. « Les investisseurs ne comprennent pas toujours correctement les coûts de ces fonds et, pour cette raison, peinent à évaluer correctement les performances attendues. »
Selon lui, il est important que les institutionnels soient bien conscient du type d’investissement en infrastructures dans lequel ils placent leur argent, afin de connaître les frais auxquels ils s’exposent. « Tous les projets d’infrastructures ne sont pas comparables et les frais facturés sont proportionnels au niveau d’expertise et aux risques sous-jacents, dit-il. Par exemple, pour un investissement en actifs matures (mature brownfield), il ne faut pas s’attendre à devoir verser une structure de frais classiques pour les investissements en capital investissement de 2 % de commission fixe et 20 % de commission de performance. »
La définition large des infrastructures, qui englobent à la fois des routes à péages, des infrastructures publiques régulées ou à vocation sociale, des aéroports ou encore des projets d’énergie renouvelable, brouille la compréhension qu’ont les investisseurs des risques sous-jacents auxquels ils s’exposent en réalité.
D’ailleurs, la crise récente du crédit a montré que la classe d’actifs n’est pas complètement décorrélée du cycle économique, comme les investisseurs sont parfois été invités à le croire. Sa nature spécialisée, le manque fréquent de transparence sur les frais et l’absence d’un organe d’investissement crédible pour promouvoir les meilleures pratiques au sein de l’industrie, agissent comme des barrières à un développement de l’investissement dans la classe d’actifs, malgré des atouts évidents.
« Notre sondage a révélé que le manque d’expertise constituait le principal obstacle pour les investisseurs souhaitant réaliser leur premier investissement dans les infrastructures », ajoute Vikram Aggarwal.