La Fédération des femmes du Québec (FFQ) et le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) ne croient pas que le Régime volontaire d’épargne retraite (RVER) constitue un régime de retraite pour tout le monde.

Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec, estime que la proposition du ministre Bachand signifie l’insécurité généralisée plus particulièrement pour les femmes. « En faisant la promotion de l’épargne individuelle – soumise aux fluctuations du marché, où les employeurs ne sont pas tenus de contribuer et dont les travailleuses et les travailleurs supportent tout le risque – le gouvernement fait miroiter l’idée qu’il s’attaque à l’insuffisance du revenu à la retraite. Mais c’est faux », dénonce-t-elle.

Une solution déconnectée du parcours des femmes
Pour la vaste majorité des femmes, cette mesure est inappropriée. Les avantages des RVER sont calqués sur les intérêts et les moyens d’un salarié à revenu élevé, alors que les femmes gagnent en moyenne 28 227 $ par année par année (38 638$ pour les hommes). Seulement 9% des personnes – dont une majorité de femmes – gagnant moins de 30 000$ par année arrivent à contribuer à un REER. Le RVER n’aidera pas du tout ces personnes.

Le RVER ne tient pas compte du parcours des femmes sur le marché du travail. Celles qui travaillent à temps plein, à l’année, ne gagnent en moyenne que 78,4% du salaire des hommes : elles ont donc moins d’argent pour cotiser à un RVER. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à s’absenter périodiquement du marché du travail ou à travailler à temps partiel pour s’occuper des enfants ou des personnes en perte d’autonomie. Dans les deux cas, elles n’ont pas les moyens de contribuer adéquatement à un RÉER ou un RVER. Elles font des sacrifices pour la famille; ces sacrifices ont un impact majeur sur leurs revenus. Enfin, parce qu’elles vivent plus longtemps, elles doivent étirer leur RVER sur une plus longue période et donc vivre avec moins.

D’autres solutions à envisager
Seuls les outils collectifs tiennent compte du parcours des femmes sur le marché du travail. Il faudrait plutôt examiner l’option – ignorée par le gouvernement – d’améliorer le Régime de rentes du Québec. La FFQ et le CIAFT proposent les solutions suivantes : faire doubler la rente du RRQ et de passer de 25 % à 50 % du revenu gagné. Relever le plafond de cotisation pour qu’il soit le même que pour la CSST, la SAAQ ou le RQAP. Relever l’exemption de cotisation de 3500 $ à 7000 $ pour alléger l’impact de la hausse des contributions pour les bas salariés. Par ailleurs, il faut négocier avec le gouvernement fédéral afin de maintenir la Pension de la sécurité de la vieillesse : ne pas relever l’âge de la retraite, ni réduire le montant des chèques, ni diminuer les gains maximaux pour y avoir droit et augmenter le Supplément de revenu garanti de 15 % et finalement, rendre l’inscription automatique à la Pension de sécurité de vieillesse et au Supplément de revenu garanti.