
La concurrence entre gouvernements pour placer leur dette sur le marché obligataire européen pousse les rendements à la hausse, prisés par les grands investisseurs et les caisses de retraite.
Depuis le début de l’année, les grands investisseurs nord-américains, dont les caisses de retraite, se tournent davantage vers les marchés financiers européens, à la recherche de rendements mais aussi pour se prémunir de la volatilité qui prévaut aux États-Unis.
De plus, la volonté du gouvernement allemand de soutenir un plan massif d’investissements de 1 000 milliards d’euros dans son économie séduit les grands investisseurs.
À cela s’ajoute que les rendements des obligations d’État de l’Allemagne et de la France viennent de toucher leurs sommets depuis 2011, tandis que les rendements des obligations à long terme du Royaume-Uni connaissent une forte hausse, rapporte Reuters.
C’est que le déversement d’obligations gouvernementales sur les marchés tend à rendre les investisseurs plus gourmands en matière de rendement: devant un large choix, ils privilégient les rémunérations les plus avantageuses. Cela favorise de nouvelles augmentations des rendements des obligations.
En outre, d’autres facteurs viennent alimenter la hausse des rendements. Aux États-Unis, la possibilité que la Réserve fédérale perde une partie de son indépendance nourrit l’inquiétude des grands investisseurs, au point que ceux-ci réclament désormais une prime supplémentaire pour accepter de détenir des bons du Trésor.
Le Japon doit lui aussi revoir le rendement de ses obligations d’État à la hausse: sa plus récente vague de placement de dette sur le marché n’a pas suscité l’accueil espéré par le gouvernement.
Enfin, une réforme du secteur des caisses de retraite aux Pays-Bas va considérablement limiter l’achat d’obligations sur le marché européen. Même si ce pays de 18 millions d’habitants ne compte que pour 4 % de la population totale de l’Union européenne, il est un des plus détenteurs d’actifs de retraite sur les marchés du Vieux continent.
Tous ces éléments contribuent à déséquilibrer une offre explosive d’obligations d’État face à une demande limitée.
Par ailleurs, l’endettement croissant des pays européens nourrit de l’inquiétude quant à leur capacité à y faire face, notamment la France qui semble plonger dans une crise politique, le gouvernement du premier ministre François Bayrou s’approchant d’un désaveu par l’Assemblée nationale.
Même l’Allemagne inquiète, après avoir annoncé une hausse inattendue de ses dépenses. Et le Royaume-Uni subit une inflation persistante tout en faisant face à la nécessité de maîtriser ses dépenses publiques.
Les rendements des marchés obligataires pourraient donc connaître un nouveau regain… mais cette rémunération plus avantageuse ira de pair avec des risques croissants liés à la capacité financière des états à maîtriser leurs budgets.