Les grandes sociétés canadiennes auraient pu combler cinq fois le déficit de leurs régimes de retraite à prestations déterminées (PD) avec les dividendes qu’elles ont versé à leurs actionnaires en 2017, selon un rapport du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA).

« Entre 2011 et 2017, nous avons constaté une augmentation assez importante du montant que les plus grandes sociétés canadiennes ont versé aux actionnaires, indique David Macdonald, économiste principal au CCPA. Durant la même période, ces sociétés ont maintenus des déficits dans leurs régimes de retraite alors qu’ils auraient facilement pu les rembourser. »

En 2011, les sociétés faisant partie de l’indice S&P/TSX et qui offrent des régimes PD ont versé deux fois plus d’argent à leurs actionnaires par le biais de dividendes qu’il en aurait coûté pour éliminer le déficit de leurs régimes. En 2017, les paiements de dividendes ont atteint 66 milliards de dollars, soit cinq fois la valeur des déficits cumulés des régimes de retraite de ces sociétés, qui se chiffre à 12 G$.

Selon le rapport du CCPA, la majorité des dix sociétés canadiennes cotées affichant les déficits de solvabilité les plus importants versent chaque année plus d’argent à leurs actionnaires que la valeur d’un paiement unique qui permettrait d’éliminer le déficit de leur caisse de retraite. Le rapport souligne tout de même que les déficits des régimes ont diminué depuis 2011.

« Dans l’ensemble, les caisses de retraite sont mieux capitalisées aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 2011, indique M. Macdonald. Malgré cela, environ les deux tiers des sociétés dotées de ces régimes PD semblent continuer à les maintenir légèrement sous-financés au lieu de les financer entièrement. Elles semblent pourtant avoir les ressources nécessaires pour le faire, compte tenu des sommes qu’elles versent aux actionnaires. »

Selon le CCPA, les obligations de capitalisation minimales des régimes de retraite au Canada devraient tenir compte de la situation financière des entreprises, et pas seulement de celle des régimes.

Cet article a initialement été publié par Benefits Canada.