La situation financière d’un grand nombre de régimes de retraite municipaux aux États-Unis est catastrophique. Pour les administrateurs de ces régimes, la légalisation du cannabis récréatif dans certains États est porteuse d’espoir.

La ville de South Beloit, en Illinois, est aux prises avec un grave problème de financement des régimes de retraite de ses pompiers et policiers, raconte le Wall Street Journal. La plan du maire de la municipalité pour sortir la tête de l’eau : récolter un million de dollars par année en taxes sur la vente de marijuana.

L’Illinois a en effet légalisé la consommation et la vente de cannabis récréatif sur son territoire le 1er janvier dernier. Le premier dispensaire autorisé à vendre la substance devrait ouvrir ses portes dans la ville plus tard cette année.

Un million de dollars par année, c’est une somme non négligeable pour une petite municipalité d’à peine 8 000 habitants comme South Beloit. Il faut dire que la situation géographique de la ville est avantageuse : elle se situe à environ un kilomètre de la frontière du Wisconsin, où le cannabis est toujours illégal. South Beloit compte donc sur la consommation de ses propres citoyens pour renflouer ses coffres… mais surtout sur celle des habitants de l’État voisin.

Certains des États qui ont légalisé le cannabis récréatif ont récolté des centaines de millions de dollars en taxes de vente à ce jour. En un an, la Californie a ainsi pu compter sur des revenus supplémentaires de 516,9 M$ US, alors que l’État de Washington et le Colorado ont engrangé respectivement 362 M$ US et 302,5 M$ US en taxes de vente sur le cannabis. À l’heure actuelle, le cannabis récréatif est légal dans 11 États.

Argent neuf

Les autorités locales espèrent que cet argent neuf permettra de régler partiellement le grave problème de financement des régimes de retraite municipaux et d’États. Durement éprouvés lors de la crise financière de 2008, bon nombre d’entre eux ne se sont toujours par remis sur pied, malgré la solide performance des marchés boursiers au cours de la dernières décennie.

La ville de Port Hueneme, en Californie, a collecté 1,8 M$ US grâce à la vente de cannabis en 2019. Les sept dispensaires sur son territoire doivent verser 5% de leur chiffre d’affaires brut à la municipalité, et donner 1% supplémentaire à des organisations caritatives locales.

Les fonds amassés par la ville ont permis de couvrir en partie les nouvelles obligations liées au régime de retraite, mais aussi d’investir dans l’embauche de policiers supplémentaires et dans des programmes de loisirs.

Les revenus tirés du cannabis récréatif ne sont cependant pas la solution à tous les problèmes des municipalités américaines. Ceux-ci sont très volatils et imprévisibles, et la concurrence du marché noir est encore forte.

Les fonds amassés grâce à la vente de cannabis paraissent aussi bien dérisoires lorsqu’on les compare au déficit actuariel abyssal de certaines caisses de retraite municipales. La ville de Chicago prévoit par exemple verser des cotisations totalisant 1,7 G$ US dans ses régimes de retraite cette année, mais s’attend à percevoir un maigre 4,1 M$ en taxes sur la vente de marijuana. À titre comparatif, elle a tiré en 2019 32,5 M$ US de la vente d’alcool, et 18,9 M$ US de la vente de cigarettes.