Les régimes de retraite canadiens surpassent leurs homologues internationaux sur le plan des rendements et de la gestion du passif, selon un récent document de recherche de l’Université McGill et de CEM Benchmarking. Comment s’y prennent-ils?

Trois facteurs expliquent ce succès : la gestion interne de l’actif pour réduire les coûts, le redéploiement des ressources vers des équipes d’investissement spécialisées dans chacune des catégories d’actif ainsi que le recours à des actifs qui couvrent les risques liés au passif tout en augmentant l’efficacité du portefeuille.

D’autres caractéristiques du modèle canadien de gestion des régimes de retraite contribuent à leurs succès, poursuit l’étude. Parmi elles, la gouvernance indépendante et la diversification géographique des placements.

« Ces caractéristiques ont toutes contribué à la bonne performance des régimes canadiens au cours des dernières décennies. Ceux-ci sont demeurés bien financés malgré la baisse des taux d’intérêt et l’augmentation de l’espérance de vie », note le document de recherche.

Performance élevée, risque faible

Les chercheurs ont comparé le niveau de performance de 250 régimes de retraite, fonds de dotation et fonds souverains de 11 pays. Entre 2004 et 2018, les régimes canadiens ont surpassé leurs homologues internationaux sur tous les fronts. « Non seulement ils ont généré des rendements plus élevés relativement au risque pris, mais ils ont également fait un meilleur travail pour couvrir les risques liés à leurs passif. Cette capacité des régimes canadiens à générer à la fois un rendement élevé et une bonne protection contre les risques est remarquable, car la couverture de risque est généralement perçue comme un coût », peut-on lire dans le document.

La surperformance des caisses de retraite canadienne proviendrait en grande partie du modèle de gestion interne. Elles gèrent ainsi en moyenne 52 % de leur actif à l’interne, comparativement à seulement 23 % pour les caisses non canadiennes. L’écart est encore plus grand chez les régimes de très grande taille (plus de 50 G$) : 80 % pour les caisses canadiennes par rapport à 34 % pour les caisses étrangères.

« Nous estimons qu’en gérant une forte proportion de leurs actifs à l’interne, les régimes canadiens réduisent leurs coûts d’environ un tiers », indique le rapport.

Le recours important à la gestion interne permet également aux caisses de retraite canadiennes d’investir davantage dans les actifs réels comme l’immobilier et les infrastructures, plus coûteux à gérer, surtout par des gestionnaires externes. Alors que les régimes canadiens allouent en moyenne 18 % de leur portefeuille aux actifs réels, les régimes des autres pays étudiés y allouent à peine 9 % de leur actif total.

En bout de ligne, les régimes de retraite canadiens dépensent en moyenne 57 points de base pour la gestion de leur actif, comparativement à 62 points de base pour leurs pairs à l’échelle internationale.

Même les plus petits régimes (moins de 10 G$ d’actif sous gestion) profitent du modèle de gestion à l’interne, bien qu’il soit allégé par rapport à celui adopté par les plus grands régimes, soutient le rapport. Les petits régimes canadiens ont ainsi surpassé les régimes de taille similaire dans les autres pays étudiés entre 2004 et 2018.