La chute brutale des marchés financiers et de l’économie mondiale dans le sillage de la pandémie de COVID-19 a déjà entraîné des pertes de près de 1000 G$ US pour les caisses de retraite du secteur public américain. Et les actions ne constituent pas la seule catégorie d’actif qu’il faut surveiller.

Selon Moody’s Investors Service, l’actif des régimes de retraite publics des États-Unis a reculé en moyenne de 21 % entre le 30 juin 2019 et le 20 mars dernier. À moins d’un rebond spectaculaire des marchés plus tard cette année, l’agence de notation anticipe que le poids du passif de certains régimes est tel qu’il mènera à une importante baisse de la cote de crédit de certains États américains, rapporte Reuters.

Le California Public Employees’ Retirement System’s (CalPERS) a de son côté prévenu les employeurs participants qu’ils devraient probablement hausser leurs cotisations en juillet 2022 pour ne pas tomber à court de liquidités, à moins que les marchés rebondissent d’ici le mois de juin.

Surveiller les placements alternatifs de près

Si c’est surtout la dégringolade des principaux indices boursiers qui fait les manchettes, les placements non traditionnels sont aussi durement touchés. Or, dans l’environnement actuel très incertain, il peut être ardu d’évaluer la valeur des actifs investis en placement privé, en dette privée, en immobilier ou en infrastructure, soulignent les avocats de Blake, Cassels & Graydon, dans un bulletin publiée mardi.

Dans ce contexte, ils recommandent fortement aux promoteurs de régime de demeurer en communication étroite avec leurs gestionnaires d’actif de façon à être bien au courant des appels de capitaux à venir, et du plan en place pour financer le versement de ces capitaux. Les régimes doivent également s’assurer de se référer à la politique de placement pour déterminer les actions à poser dans un tel contexte, particulièrement dans le cas où les liquidités manqueraient pour respecter certains engagements, et qu’il faudrait peut-être vendre des actifs dévalués.

Dans le cas où il serait impossible de reporter la prise de décisions d’investissement à un moment où la situation sera plus calme, Blake insiste sur l’importance pour les caisses de retraite de s’assurer que le processus de délégation des pouvoirs est respecté et bien compris de tous.

Dans le cas des régimes à cotisation déterminée, la firme juridique conseille aux promoteurs de se demander si c’est vraiment le bon moment pour effectuer un changement dans les options de placement, ou encore de choisir une nouvelle option de placement par défaut.

Suspension des cotisations et des transferts?

Au Royaume-Uni également, les caisses de retraite vivent une période difficile. Devant les graves difficultés économiques qu’ils subissent, de plus en plus d’employeurs envisagent de suspendre, reporter ou encore renégocier les cotisations à leur régime de retraite, révèle le Financial Times. Le régulateur britannique des pensions a toutefois indiqué qu’il s’attendait à ce que les employeurs continuent de respecter leurs engagements envers leur régime, mais n’écarte pas la possibilité d’émettre de nouvelles directives en fonction de l’évolution de la situation.

L’ancienne ministre britannique des pensions, la baronne Ros Altmann, estime de son côté que toutes les activités de transfert des régimes de retraite devraient être suspendues pendant six mois. Ces transferts incluent l’achat de rentes collectives auprès d’assureurs, mais également le versement de la valeur commuée aux participants qui en font la demande.

Selon Mme Altmann, les marchés sont si instables à l’heure actuelle que les différentes hypothèses actuarielles peuvent se révéler « significativement inexactes », rapporte International Adviser. « Personne ne sait vraiment quand les marchés se stabiliseront, et à quel niveau se situeront les taux d’intérêt à long terme au cours des prochains mois », a-t-elle dit.