
Québec rompt définitivement ses liens avec le projet Northvolt en Montérégie, deux ans après avoir annoncé des investissements records dans l’entreprise.
Le gouvernement demandera le remboursement du prêt pour le terrain et libérera le bloc d’énergie associé au projet. L’entreprise qualifie ce dénouement de « regrettable », et son éventuel rachat par la firme américaine Lyten est désormais compromis.
« Aujourd’hui, nous mettons fin au financement de Northvolt au Québec », a annoncé la ministre de l’Économie et de l’Énergie, Christine Fréchette, dans un court communiqué de presse publié mardi. « Cette aventure s’est avérée infructueuse, et nous en sommes évidemment déçus. »
L’entité de Northvolt en Amérique du Nord avait jusqu’au début du mois de septembre pour présenter un plan de reprise crédible au gouvernement. Or, elle n’a pas été en mesure d’en présenter un « satisfaisant à l’égard des intérêts québécois », estime Mme Fréchette.
Résultat : le gouvernement se tournera vers les tribunaux pour réclamer à Northvolt le remboursement du prêt octroyé pour l’achat du terrain, pour lequel il bénéficie de « garanties ».
En tenant compte des intérêts, le montant à rembourser s’élève à 260 millions de dollars. Advenant que l’entreprise n’ait pas les fonds suffisants pour honorer le prêt, le gouvernement pourrait alors récupérer le terrain et le revendre.
Les 270 millions investis par Québec dans la maison mère sont quant à eux définitivement « perdus », rappelle le gouvernement, puisque celle-ci a fait faillite.
Plus tôt au printemps, on apprenait que les caisses de retraite canadiennes qui avaient investi ou prêté dans le. cadre du projet de Northvolt s’apprêtaient à perdre un total d’un milliard de dollars.
L’Investment Management Corporation of Ontario (IMCO), qui gère les actifs des employés du secteur public ontarien, a tiré un trait sur 530 millions de dollars, soit l’investissement réalisé dans Northvolt en 2023. L’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada (OIRPC) aurait misé 55 millions de dollars.
De son côté, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a radié 200 millions de dollars, et le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS) en a fait de même pour 430 millions de dollars d’investissement dans la firme suédoise.
Une décision « regrettable », dit Northvolt
Dans un courriel transmis au Devoir, Northvolt qualifie de « regrettable » la décision de Québec. « C’était un beau projet et notre équipe y croyait toujours, plusieurs propositions ont été déposées et des discussions et échanges avec des repreneurs potentiels ont eu lieu jusqu’à hier », indique l’entreprise.
Le mois dernier, l’entreprise américaine Lyten avait publiquement manifesté son intérêt à racheter les actifs québécois de Northvolt. Au cours des dernières semaines, des représentants de l’entreprise ont pu s’entretenir avec le cabinet de la ministre Fréchette afin d’évaluer les conditions d’un éventuel rachat. Mais le plan présenté par Lyten au gouvernement nécessitait plus de fonds publics et était trop éloigné du projet initial de Northvolt, selon nos informations.
Lyten se spécialise dans la fabrication de batteries lithium-soufre, plus abordables que les batteries lithium-ion sur lesquelles misait Northvolt, mais dont le développement est moins avancé. Il y a à peine quelques semaines, elle avait pourtant bon espoir quant à la possibilité de combiner les deux technologies dans un éventuel projet qui serait né des cendres de celui de Northvolt.
Toujours par courriel, Northvolt indique que sa priorité est « désormais d’assurer une transition ordonnée » et d’accompagner ses employés ainsi que ses partenaires « au cours de cette période difficile ».