Même si les nouvelles règles de financement des régimes de retraite privés instaurées par la loi 29 (projet de loi 57) donnent davantage de latitude aux promoteurs en matière de gestion d’actif, ce n’est pas une raison pour prendre plus de risques dans les politiques de placement, soutiennent trois experts.

« Gérer une caisse de retraite en fonction de la législation ou des méthodologies actuarielles est très dangereux », a affirmé Patrick De Roy, directeur et chef de pratique, placements et risques chez Eckler lors d’un séminaire sur la gestion des caisses de retraite présentée la semaine dernière à Montréal par l’International Foundation of Employee Benefit Plans.

Selon lui, les promoteurs tentés de prendre plus de risques en raison de la disparition du financement sur base de solvabilité devraient se montrer prudents. « Le devoir de payer des prestations demeure », a-t-il insisté.

Claude Lockhead, associé exécutif chez Aon Hewitt, a de son côté souligné que certaines craintes soulevées par les gestionnaires d’obligations pouvaient effectivement indiquer une augmentation de l’appétit pour le risque chez certains promoteurs.

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« C’est vrai que ça peut être tentant de s’exposer davantage aux risques, mais ce n’est pas la chose à faire. Les caisses de retraite devraient chercher à prendre de meilleurs risques, mais pas à prendre plus de risques », a indiqué Cédric Pouliot, conseiller principal chez Normandin Beaudry.

Selon les trois actuaires, les promoteurs devraient profiter de la plus grande latitude que leur offre la nouvelle loi pour tenter de nouvelles stratégies et se repositionner « sans avoir l’épée de Damoclès de la solvabilité au-dessus de la tête ».

« L’exposition aux risques devrait être cohérente avec l’évolution de la maturité des régimes », a expliqué Cédric Pouliot. Ainsi, les régimes fermés, pour qui l’objectif principal demeure la sécurité des prestations, auraient sans doute avantage à poursuivre dans la voie du derisking. Pour les régimes ouverts, de nombreuses possibilités s’ouvrent aux promoteurs.

« La loi enlève certaines contraintes et donne plus de flexibilité. En prenant plus de risques aveuglément, on va manquer de belles opportunités. La nouvelle réglementation est en revanche l’occasion parfaite de remettre l’accent sur le long terme », a résumé Patrick De Roy.

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