Bien conscient du débat entourant la règle des 70 %, Retraite Québec en fait malgré tout encore la promotion sur son site web. « Elle comporte de nombreux défauts, mais elle a au moins le mérite de donner un certain objectif aux gens. Cela leur évite d’épargner totalement à l’aveuglette », croit Renaud Bourget, actuaire à Retraite Québec.

L’organisme gouvernemental précise que ses communications s’adressent à l’ensemble de la population québécoise et qu’il ne peut pas déterminer des cibles personnalisés pour chaque citoyen. En ce sens, la règle des 70 % est la meilleure option pour promouvoir un objectif de retraite à grande échelle.

« Elle fait le travail, particulièrement pour les gens qui n’ont pas encore de projets précis pour la retraite », ajoute M. Bourget, qui invite les épargnants à la recherche de plus de précision à utiliser les outils de simulation disponibles sur le site web de Retraite Québec.

Tout comme Retraite Québec, l’Institut québécois de planification financière (IQPF) ne rejette pas totalement la règle des 70 %. Celle-ci figure d’ailleurs parmi les trois approches que l’organisme met de l’avant pour évaluer le coût de la vie à la retraite, aux côtés de l’approche fiscale et de l’approche budgétaire.

L’approche fiscale consiste à établir le revenu brut de retraite nécessaire pour conserver le même revenu net qu’avant la retraite, tandis que l’approche budgétaire, comme son nom l’indique, implique la préparation d’un budget.

« La règle des 70 % est la meilleure des moins bonnes règles que l’on a », relativise Martin Dupras, planificateur financier et président de la firme ConFor Financiers. À son avis, jeter aux oubliettes la règle des 70 % ne ferait que rendre la planification de la retraite encore plus abstraite et floue qu’elle ne l’est déjà, en particulier pour les jeunes.

« Ce n’est pas réaliste d’élaborer un budget à 35 ans de la retraite. Il y a tellement de choses qui peuvent changer entre-temps qu’il serait totalement biaisé. C’est bien beau de dire qu’on aimerait jouer au golf, mais ça reste extrêmement difficile de visualiser à l’avance ce que l’on voudra vraiment faire à la retraite. Et c’est sans parler du défi de calculer précisément l’inflation sur une longue période », explique-t-il.

Selon lui, l’élaboration d’un budget est une stratégie surtout pertinente pour les gens qui approchent de la retraite. Elle permet de faire quelques vérifications et ajustements pendant les dernières années de travail, croit-il.

Faute d’alternative réaliste pour les épargnants encore loin de la retraite, la règle des 70 % n’a donc pas dit son dernier mot. « Si on ne fixe pas un certain objectif, même imprécis, on laisse les gens dans le vide total », résume Martin Dupras.

Ce 70 % qui divise la moitié des experts de la retraite. Lire la première partie de l’article>>>>