Les grandes organisations syndicales du Québec sont revenues à la charge mercredi pour demander aux gouvernements de mettre en place un régime d’assurance médicaments public et universel au Canada.

Dans un communiqué conjoint, la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD affirment que la pandémie de COVID-19 met plus que jamais en évidence le besoin d’un tel régime au pays. Les quatre syndicats s’inquiètent du fait que les gens ont moins d’argent pour acheter des médicaments en raison de la crise économique, et que les coûts des régimes privés d’assurance médicaments risquent d’exploser dans un contexte où les revenus de nombreux employeurs ont été sérieusement amputés. Au cours des dernières années, plusieurs groupes de travailleurs ont d’ailleurs pris la décision d’annuler leur régime d’assurance collective, car les coûts n’étaient plus soutenables, déplorent les syndicats.

« Plus que jamais, cette crise sanitaire révèle la nécessité d’assurer un accès universel aux vaccins et aux traitements pour lutter efficacement contre la pandémie actuelle, mais également contre celles à venir. C’est un enjeu de sécurité! Il faut agir maintenant », écrivent les quatre syndicats.

Un régime « obsolète »

Alors que le gouvernement fédéral semble se montrer favorable à la mise sur pied d’un régime public et universel d’assurance médicaments, les syndicats déplorent le fait que la ministre de la Santé du Québec, Danielle McCann, « s’obstine à défendre et vanter le régime actuel » qu’ils jugent « obsolète ».

« Cela démontre, malheureusement, que la ministre n’a pas encore pris conscience des lacunes majeures du système public-privé actuel et de l’urgent besoin d’un régime public et universel », écrivent les centrales syndicales dans leur communiqué.

Le président de la FTQ, Daniel Boyer, affirme que le système hybride québécois a fait exploser les coûts des régimes privés, et que 9 % de la population n’a pas les moyens de prendre ses médicaments faute d’argent.

« Seulement au Québec, l’instauration d’un régime entièrement public et universel pourrait réduire le coût des médicaments de 20 % à 40 %. On parle d’économies de 1 à 3 milliards de dollars par année pour le Québec seulement, ce n’est pas rien. On ne peut plus se permettre de payer trop cher pour nos médicaments, d’autres besoins doivent être comblés », ajoute la présidente de la CSQ, Sonia Éthier.

Selon les conclusions du Conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime d’assurance-médicaments national, environ 20 % des Canadiens seraient actuellement sous-assurés et ne prendraient pas tous les médicaments dont ils ont besoin pour des raisons financières.

Durant son processus de consultation, qui a mené au dépôt d’un rapport en juin 2019, le Conseil créé par Ottawa a constaté qu’il existait une centaine de régimes publics d’assurance médicaments au Canada, et plus de 100 000 régimes privés. Cette mosaïque de régimes engendre une couverture disparate et inégale, en plus de générer des lourdeurs administratives et des difficultés de remboursement. Le nombre de médicaments couverts varie entre 4000 et 8000 selon les régimes, tandis que des écarts significatifs ont été constaté concernant les franchises et les quotes-parts payées par les assurés.

Le NPD a déposé en février son projet de loi sur la mise sur pied d’un régime universel d’assurance médicaments au Canada. Il devait être débattu à la Chambre des communes à la fin du mois d’avril ou au début du mois de mai, mais la pandémie a ralenti les travaux parlementaires.