Les nouveaux médicaments mis en marché par les sociétés pharmaceutiques coûtent parfois une petite fortune, mais ils permettent aux gouvernements de réaliser des économies considérables, selon l’Institut économique de Montréal (IEDM).

De nombreuses études réalisées au Canada et aux États-Unis ont montré que les sommes dépensées en nouveaux médicaments engendrent des économies de quatre à cinq fois plus élevées dans les autres dépenses médicales, avance l’institut de recherche.

« Une augmentation des dépenses en médicaments réduit en fait le total des dépenses de santé en comparaison de ce qu’elles auraient été, par exemple en raison du vieillissement de la population », note Peter St. Onge, auteur de la publication et économiste senior à l’IEDM.

Le think tank reproche au gouvernement fédéral de promouvoir des politiques publiques « mal avisées », telles que la mise en place d’un régime d’assurance médicaments universel et les récentes modifications apportées à la méthode de calcul du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) concernant le prix plafond des médicaments vendus au pays.

L’IEDM déplore que le prix des nouveaux médicaments soit plus visible que les économies qu’ils permettent de réaliser dans le système de santé. Les nouveaux médicaments coûteux deviennent ainsi « une cible attrayante pour les bureaucrates et les politiciens », affirme l’institut.

Selon la dernière édition de la Veille des médicaments mis en marché du CEPMB, près des deux tiers des nouveaux médicaments approuvés dans le monde en 2017 avaient des coûts de traitement dépassant 10 000 $ par année.

Un récent rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé a également révélé que les dépenses des régimes publics consacrées aux médicaments biologiques coûteux représentaient 23,3 % des dépenses totales en 2018.

Des prix justifiés?

Au cours des dernières années, l’IEDM a multiplié les publications pour manifester sa forte opposition à l’instauration d’un régime public et universel d’assurance médicaments au Canada. Selon elle, une telle éventualité pourrait en bout de ligne entraîner une augmentation des dépenses de santé tout en mettant en péril l’accès des Canadiens aux meilleurs traitements disponibles à l’heure actuelle.

« La contribution de l’innovation pharmaceutique à la santé et au bien-être dans le monde moderne est considérable », indique Peter St. Onge. « Une étude de 30 pays portant sur la période de 2000 à 2009 a conclu que l’innovation pharmaceutique est responsable de 73 % de l’augmentation de l’espérance de vie pendant cette période, soit un gain de 1,27 année en seulement dix ans. C’est énorme ! »

L’IEDM justifie le prix élevé des nouveaux médicaments par les dépenses considérables qu’elles nécessitent en recherche et développement. Selon une étude récente, le développement et la mise en marché d’un nouveau médicament peuvent prendre quinze ans et coûter près de 3 G$ US. De plus, de nombreux médicaments soumis à des essais cliniques ne sont jamais commercialisés : seulement 12 % d’entre eux sont approuvés pour la commercialisation, soit un sur huit.

« Si sept médicaments sur huit ne se rendent pas sur le marché, ces sept échecs doivent être payés par les profits du seul médicament qui y arrive. Malgré les accusations faciles de prix abusifs, ces médicaments demeurent précieux pour les patients qui en font usage et qui voient leur vie améliorée », souligne Germain Belzile, chercheur associé senior à l’IEDM et collaborateur à la publication.

L’organisme ajoute que la recherche pharmaceutique est particulièrement sensible à la baisse des prix. Une étude récente estime qu’une baisse de 100 $ des revenus des fabricants de médicaments est associée à une baisse de 58 $ des dépenses de recherche. Étant donné que la recherche accapare 18,7 % des revenus des fabricants de médicaments, une telle relation suggère qu’une baisse des prix de seulement 16 % pourrait réduire de moitié la recherche pharmaceutique, tandis qu’une baisse du tiers pourrait, en théorie, l’effacer complètement.

Plutôt que de se tourner vers un « monopole étatique », l’IEDM suggère au gouvernement de conserver le modèles actuel mixte public-privé géré par les provinces, quitte à mettre sur pied des mesures ciblées pour les groupes de la population qui ont du mal à payer leurs médicaments.

« Au lieu de s’ingérer encore plus dans le marché du médicament, le gouvernement serait plus avisé d’alléger la surréglementation canadienne, qui augmente inutilement les coûts de recherche. Au minimum, Ottawa doit s’abstenir d’aggraver la situation, ce qu’il ferait en nationalisant l’assurance médicaments ou en empêchant davantage les prix canadiens de refléter la réalité de ce marché essentiel pour notre bien-être à tous », conclut Peter St. Onge.