Un nouveau rapport du Centre canadien de politiques alternatives conclut que des millions de Canadiens qui ne bénéficient pas d’un régime d’assurance dentaire seront exclus du nouveau programme fédéral parce que leur revenu familial sera trop élevé. 

Les inscriptions ont commencé le mois dernier pour la nouvelle Prestation dentaire canadienne, une des conditions de l’entente politique entre le gouvernement libéral et les néo-démocrates.

Ottawa offrira ces prestations dentaires aux familles non assurées dont le revenu familial est inférieur à 90 000 $ par année, à commencer par les personnes âgées, les enfants de moins de 18 ans et les personnes handicapées.

Lorsque le programme sera pleinement mis en œuvre en 2025, le gouvernement prévoit que la couverture sera accessible à environ neuf millions de personnes. Mais 4,4 millions de personnes qui ne bénéficient pas d’une assurance dentaire seront exclues en raison du plafonnement des revenus, indique le rapport.

Il en coûterait 1,45 milliard pour étendre la couverture aux personnes dont les revenus dépassent le plafond en 2025, en plus des 3,3 milliards déjà budgétés dans le programme cette année-là.

L’auteur du rapport, David Macdonald, économiste principal du groupe de réflexion, affirme que 90 000 $ ne représente pas un revenu particulièrement important pour une famille composée de deux parents et d’enfants.

« Gagner 45 000 $ pour chaque parent ne représente pas un salaire énorme au Canada. Mais gagner plus que cela empêche ces familles de bénéficier d’une couverture fédérale pour les soins dentaires », souligne-t-il.

Le rapport mentionne qu’un programme universel ne laisserait personne de côté.

Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de santé, Don Davies, qui a travaillé en étroite collaboration avec les libéraux sur la nouvelle politique en matière de soins dentaires, a déclaré dans un communiqué que son parti aimerait idéalement voir la couverture élargie.

« Il s’agit d’un pas en avant capital qui changera la vie de nombreuses personnes. Cependant, nous avons toujours été clairs sur le fait qu’il s’agissait d’un premier pas — un premier paiement — vers l’accès universel et qu’il fallait aller plus loin », a déclaré M. Davies dans un communiqué.

M. Davies collabore également avec le gouvernement sur le cadre législatif pour la couverture des médicaments pour les Canadiens. Dans le cas de l’assurance-médicaments, le NPD a insisté sur le fait que la couverture doit être universelle et à payeur unique, contrairement au programme de soins dentaires.

L’expansion des soins dentaires selon les mêmes principes sera une priorité du NPD lors des prochaines élections, a-t-il affirmé.

« Les néo-démocrates ne s’arrêteront pas jusqu’à ce que tous les Canadiens puissent accéder aux soins dentaires dont ils ont besoin, quelle que soit leur capacité de payer », a-t-il dit.

Le bureau du ministre de la Santé, Mark Holland, n’a pas directement répondu aux préoccupations de M. Macdonald lorsqu’il a été contacté pour commenter le dossier mercredi, mais a indiqué que le nouveau programme vise à atténuer les obstacles financiers à l’accès aux soins de santé dentaire.

« Le Régime canadien de soins dentaires va améliorer la vie de millions de Canadiens, afin qu’ils n’aient plus à choisir entre payer leurs factures ou obtenir des soins de santé bucco-dentaire », a déclaré un porte-parole dans un communiqué.

Ottawa prévoit inscrire progressivement les participants admissibles au nouveau programme au cours des 12 prochains mois.

Les premiers membres du programme devraient pouvoir commencer à réclamer leurs frais de soins dentaires en mai, bien que la date exacte de couverture varie d’une personne à l’autre.