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Si vous pensez que les employés qui consomment des médicaments coûtent cher, sachez que les employés qui ne prennent pas leur traitement, alors qu’ils le devraient, coûtent bien plus cher.

Un faible taux d’adhésion aux traitements médicamenteux est en effet directement lié à d’importantes pertes de productivité dans les milieux de travail, conclut une enquête réalisée par les firmes de conseil Pivot Stratégie et Groupe Santé Concerto.

Commandée par Médicaments Novateurs Canada et des représentants du secteur des payeurs privés d’assurance médicaments, l’enquête a analysé les résultats de 55 études internationales, la plupart menées aux États-Unis. Les trois quarts d’entre elles (73 %) ont établi une très forte corrélation entre l’adhésion aux médicaments et le taux d’absentéisme et d’invalidité des travailleurs.

« Dans un contexte où les coûts d’assurance collective ne cessent de grimper, les promoteurs veulent valider l’efficacité des médicaments sur la productivité des employés », a expliqué Kathy Megyery, associée conseil chez Pivot Stratégie, lors du dévoilement des résultats de l’enquête à la conférence annuelle de l’Association de la retraite et des avantages sociaux du Québec (ARASQ), la semaine dernière à La Malbaie.

Pour déterminer si un patient adhère ou non à son traitement, les différentes études analysées se basent sur les ordonnances remboursées par les régimes d’assurance médicaments. Pour mesurer l’impact économique de la non-adhésion aux médicaments, ce sont les taux d’absentéisme et d’invalidité qui sont utilisés.

Plus précisément, l’enquête révèle que la non-adhésion des participants à leur médication se chiffre entre 2 et 10 jours perdus par employé par année en absentéisme et en invalidité, ce qui représente de 1 000 à 5 000 $ de pertes financières par employé annuellement.

Des taux d’adhésion préoccupants

Les 55 études répertoriées par Pivot Stratégie et Groupe Santé Concerto arrivent à un constat inquiétant : en moyenne, seulement la moitié des assurés adhèrent à leur traitement médicamenteux.

Pour en venir à ces résultats, les auteurs des différentes études se sont penchés sur quatre classes thérapeutiques parmi les plus coûteuses pour les régimes d’assurance médicaments : le diabète, l’hypertension, la dépression et l’asthme.

Dans le cas du diabète, les taux d’adhésion varient entre 53 % et 75 %. Les employés adhérents enregistrent de deux à neuf jours de moins en absentéisme et invalidité par année, ce qui se traduit en des économies de 400 à 3 300 $ pour les promoteurs de régimes.

Les taux d’adhésion moyens sont encore plus bas chez les employés atteints d’hypertension, ceux-ci variant entre 30 et 65 %. Du côté des impacts économiques, les participants qui suivent assidûment leur traitement s’absentent de deux à sept jours de moins par année, faisant économiser de 400 à 1 300 $ annuellement à leur employeur.

Le portrait n’est pas plus rose pour ce qui est de la dépression, avec des taux d’adhésion atteignant péniblement 25 à 54 %. Les employés qui respectent leur traitement médicamenteux affichent de six à dix jours de moins d’absence par année, ce qui représente des économies annuelles de 900 $ à 2 000 $.

Et si vous pensez que les employés non adhérents permettent au régime d’économiser en réclamations de médicaments, détrompez-vous. « Un taux d’adhésion plus élevé permet aux promoteurs de réaliser des économies, même en considérant les coûts de médicaments supplémentaires », soutient Kathy Megyery.

« Avec un taux d’adhésion moyen de 50 %, il y a clairement une opportunité de générer des économies supplémentaires en développant des programmes permettant d’améliorer l’adhésion des participants à leurs traitements », conclut-elle.