Des prix de médicaments plus bas pourraient nuire à la santé des Canadiens, rien de mois, affirme l’Institut économique de Montréal.

« En voulant faire diminuer le prix des médicaments, Santé Canada risque plutôt de faire diminuer l’accès aux médicaments! », souligne Mathieu Bédard, économiste à l’IEDM et auteur de la publication.

Dans les pays qui ont baissé le prix plafond des médicaments, les nouvelles molécules sont devenues moins accessibles à la population, observe le groupe de recherche.

Plus tôt cette année, Santé Canada a lancé une consultation visant à réduire les prix maximaux des nouveaux médicaments introduits au pays. « Lorsqu’on regarde ce qui est arrivé aux endroits où les politiques publiques ont forcé l’établissement de prix trop bas, on constate que ce sont les patients qui en ont fait les frais », peut-on lire dans la note de recherche.

Comme l’innovation pharmaceutique dépend d’investissements colossaux et de nombreuses années de recherche, les sociétés pharmaceutiques ont l’habitude d’introduire d’abord leurs nouveaux produits dans les marchés où le prix des médicaments « tient compte de cette recherche et d’un certain retour sur l’investissement ».

La Nouvelle-Zélande, un exemple à suivre?

« En Nouvelle-Zélande, un pays souvent cité en exemple pour le prix de ses médicaments, l’accès par le système public à des traitements pour des maladies comme le diabète, le cancer et l’hypercholestérolémie peut être retardé de plus de dix ans par rapport au Canada », explique Mathieu Bédard.

En 2015, le Canada se situait au 4e rang parmi les pays de l’OCDE pour la proportion de nouveaux médicaments mis sur le marché. Concernant les délais de lancement, le Canada est le second pays le plus rapide après le Japon, avec un délai moyen de 60 jours après l’approbation, contre plus de 400 jours pour la Nouvelle-Zélande et près de 300 au Portugal. Mais si Santé Canada va de l’avant avec un prix plafond, le pays pourrait glisser en queue de peloton, s’inquiète l’IEDM.

« Les intérêts des patients sont mieux servis lorsque les prix des médicaments sont à un niveau qui permet le financement de la recherche pharmaceutique. Quand la réglementation cherche à instaurer des prix artificiellement bas, ce que risque d’entraîner la proposition de Santé Canada, les patients risquent d’en faire les frais », conclut Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM.