Des chercheurs provenant de quatre grandes universités québécoises tenteront de déterminer si l’effet du cannabidiol (CBD) sur la réponse inflammatoire permet de réduire le recours aux opioïdes pour soulager la douleur qui résulte d’un accident traumatique.

Le projet sera dirigé par le professeur Louis de Beaumont, du département de chirurgie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, en collaboration avec des chercheurs des universités de Sherbrooke, Laval et McGill.

« Un des intérêts du CBD est que ça a des effets anti-inflammatoires, a expliqué M. de Beaumont. Tous les types de blessures traumatiques (…) vont entraîner une réponse inflammatoire très importante, qui va causer du dommage et qui va tendre à perdurer dans le temps. C’est un mécanisme bien connu de la chronicisation de la douleur. »

Financé à hauteur de 1,5 M$ sur cinq ans, le projet évaluera notamment l’efficacité du CBD pour diminuer la réponse inflammatoire du cerveau et la douleur qui en résulte à la suite d’un traumatisme craniocérébral (TCC).

Le CBD est, avec le tétrahydrocannabinol (THC), l’un des principaux constituants du cannabis, et les preuves scientifiques témoignant de ses propriétés anti-inflammatoires s’accumulent.

De multiples patients souffrant de douleur chronique s’automédicamentent également avec du cannabis et affirment, dans certains cas, que c’est la seule façon pour eux d’être soulagés.

« Il est clair que les vertus thérapeutiques du cannabis sont très intéressantes, (…) il y a quelque chose à voir là-dedans, a dit M. de Beaumont. On s’interroge beaucoup (à savoir) qu’elles devraient être les concentrations relatives de THC, qui va provoquer l’effet euphorisant, versus le CBD pour trouver la dose optimale. »

La recherche sera composée de quatre volets, dont un qui étudiera le potentiel et l’innocuité du traitement au CBD.

Les chercheurs compareront ainsi l’effet de deux doses quotidiennes de CBD administrées pendant un mois pour soulager la douleur chez des patients victimes à la fois d’une fracture osseuse et d’un traumatisme crânien.

« Les gens vont se blesser, et si la douleur ne se résorbe pas à l’intérieur des trois à six premiers mois, la douleur va devenir chronique et elle va durer à peu près toute la vie », a expliqué M. de Beaumont.

L’étude évaluera de plus le potentiel du CBD comme adjuvant aux opioïdes autoadministrés par les patients.

« On prescrit essentiellement trop d’opioïdes, ça se retrouve dans la rue, c’est revendu et mal utilisé, a ajouté le chercheur. Si on est capable de réduire la prescription d’opioïdes pour obtenir le même soulagement, on fait des progrès dans la lutte contre les opioïdes. »

Outre la dépendance et l’abus, l’autre grand problème que posent les opioïdes est que leur usage étalé dans le temps et en fortes doses finit par accroître la douleur et la tolérance au médicament.