Exaspérés d’être victimes de harcèlement, de discrimination et d’intimidation sur leur lieu de travail, de nombreux employés talentueux fuient les organisations trop laxistes, et n’y remettent jamais les pieds. Un risque important qui met en péril la productivité et la rentabilité des sociétés canadiennes, prévient un groupe de sommités en matière de problèmes en milieu de travail.

« Les organisations doivent s’attaquer à ce sujet épineux, sous peine de se laisser distancer par la concurrence. Elles doivent se demander sans détour si ce genre de comportement existe chez elle et, le cas échéant, s’engager à prendre les mesures nécessaires pour y mettre fin », affirme Sheldon Kennedy, ancienne victime de harcèlement et cofondateur de Respect Group, un organisme qui milite pour davantage de respect dans les milieux de travail.

Lors d’une table ronde tenue à Toronto par le National Club, il a souligné que si rien ne change, les organisations risquent d’avoir du mal à recruter et à conserver des employés compétents.

La table ronde était également composé de Louise Bradley, présidente et chef de la direction de la Commission de la santé mentale du Canada, Pamela Jeffery, présidente de The Pamela Jeffery Group, et Soula Courlas, associée de KPMG.

Le rôle de la haute direction

Par où les entreprises doivent-elles commencer? Les participants ont convenu que l’étape la plus importante était l’établissement d’une culture de respect et de tolérance zéro pour les comportements hostiles au sein de l’organisation et qu’il incombait à la haute direction de donner le ton.

Cette démarche nécessite la volonté de la direction de faire face aux dures réalités qui peuvent exister au sein de l’organisation », explique Mme Courlas, leader des Services-conseils en ressources humaines et changement organisationnel de KPMG. « L’intimidation peut être subtile. Il est essentiel de former le personnel à en reconnaître les manifestations. La haute direction a le devoir de s’employer activement à éliminer ce genre de comportement afin d’encourager l’adoption de pratiques irréprochables. »

La question de la prévention des comportements hostiles en milieu de travail deviendra encore plus importante à mesure que le poids des milléniaux augmentera dans les entreprises. « Les milléniaux adhèrent profondément aux valeurs d’une organisation et veulent travailler pour des entreprises qui partagent leurs valeurs, précise Mme Courlas. Les employeurs doivent répondre aux attentes de leurs employés milléniaux, sous peine de perdre cette précieuse source de talents et de futurs leaders. »

Les milléniaux ont un niveau de tolérance bien plus bas face aux comportements hostiles que les générations précédentes de travailleurs. Lorsqu’ils sont témoins de situations inacceptables, ils sont beaucoup moins susceptibles de se taire. « L’organisation doit disposer de modalités pour les encourager à dénoncer les comportements hostiles et démontrer qu’elle prend les mesures qui s’imposent. Sinon, ils risquent de partir et d’en faire connaître la raison », conclut Soula Courlas.