Lorsque les employés de Lightspeed sont retournés à leur bureau de Montréal cette année après une pause attribuable à la pandémie, l’espace était deux fois plus grand que le précédent. On y avait ajouté un restaurant servant des repas gratuits, un bar à smoothies et un barista pour préparer des boissons personnalisées.

Une salle de sport et une cour agrémentée de plantes et d’une fontaine sont à venir prochainement. « Nous en faisons une expérience unique et tout le bureau est une sorte d’espace de détente où nous voulons que les gens se sentent très à l’aise », a expliqué Jean Paul Chauvet, directeur général de la société de logiciels établie à Montréal.

De tels équipements ne sont pas inhabituels pour les entreprises technologiques qui veulent recruter et garder des talents. Mais, elles ont dû continuer à rénover l’environnement de travail afin de convaincre le personnel à abandonner, du moins en partie, le télétravail.

Cela est considéré comme une nécessité alors même que le télétravail gagne en popularité chez les cadres et que les réductions de personnel se poursuivent dans tout le secteur.

La pensée de nombreuses entreprises est que le personnel pourrait ne pas vouloir retourner au bureau sans quelque chose pour faciliter la transition, comme un nouvel espace impressionnant avec des déjeuners traiteur, une salle d’entraînement et d’autres avantages comme la garde d’enfants.

Certains ont même franchi une étape supplémentaire et accueilli le personnel avec une fête et des sacs à dos avec suffisamment d’espace pour un ordinateur portable.

« Toutes les entreprises essaient de recruter et de retenir des talents et elles essaient d’être aussi créatives et innovantes que possible », a observé Michael Halinski, professeur agrégé de comportement organisationnel et de gestion des ressources humaines à l’Université métropolitaine de Toronto.

« Qu’il s’agisse d’ajuster les modalités de travail ou d’ajuster les avantages, les organisations vont continuellement essayer de faire différentes choses pour se réinventer », a-t-il ajouté.

Le choix de Lightspeed de réorganiser son espace a été fait au début de la pandémie, lorsque d’autres entreprises ont cessé de louer leurs bureaux ou ont minimisé leur importance, a rappelé M. Chauvet.

« Nous avons en fait pris la voie complètement opposée, a-t-il déclaré. Nous avons dit : “Profitons de ce temps pour tout rénover pendant que tout le monde est absent, afin que lorsqu’ils reviendront, ils soient séduits.” »

La plupart des employés, qui sont encouragés à visiter les bureaux trois jours par semaine, ont été ravis de l’espace supplémentaire disponible pour les réunions, pendant et après le travail, a-t-il indiqué.

Ils apprécient également l’éclairage Ketra que Lightspeed a installé, qui crée une ambiance stimulante en fonction de la saison, de la météo et de l’heure de la journée.

M. Chauvet attribue au nouveau bureau le mérite d’avoir aidé l’entreprise à atteindre l’un de ses meilleurs mois de performance l’année dernière en mars, le même mois où le personnel est revenu au bureau, et pense qu’il aidera à embaucher environ 300 travailleurs au cours des cinq prochaines semaines.

Cependant, de nombreux travailleurs tiennent à éviter les bureaux. Une étude Hired portant sur 2000 professionnels de la technologie au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni a révélé que les demandeurs d’emploi ont préféré les postes uniquement à distance aux postes en mode hybride ou en présentiel depuis juin 2021.

En juin 2022, 93 % des candidats interrogés préféraient les emplois à distance ou hybrides. « Les bureaux commerciaux doivent désormais concurrencer de nombreux travailleurs qui apprécient le travail à distance en raison du gain de temps des déplacements et de la flexibilité de travailler plus près de l’endroit où se trouve leur famille et de la possibilité de faire du jogging pendant leur pause déjeuner », a souligné Aaron Short, le directeur général de B-Line, une plateforme de gestion et de sécurité du lieu de travail établie à Halifax, dans un courriel.

Il a insisté sur le fait que le moral et la culture plus large des entreprises souffraient du travail à distance. Les gens sont plus heureux lorsqu’ils ont de la flexibilité quant à leur lieu de travail, mais ont également besoin d’une collaboration en personne, a-t-il expliqué.

« Les visioconférences et les courriels ne font pas toujours ressortir le meilleur des gens, mais prendre un repas ensemble, si », a-t-il indiqué.

Malgré la poussée du travail à distance, Natasha Koifman tient à garder son bureau. La dirigeante de la firme de relations publiques NKPR a acheté un nouvel immeuble sur Richmond Street West à Toronto dans lequel son entreprise emménagera l’été prochain.

Elle modélisera le bureau d’après le Public Hotel de New York, qui possède un espace extérieur presque comme un Central Park miniature, et ajoutera une terrasse sur le toit, des salons et peut-être un café.

« Nous sommes actuellement au bureau les mardis et jeudis, mais mon objectif est que les gens veuillent venir tous les jours, a précisé Mme Koifman. L’objectif est de créer un environnement aussi confortable pour eux que leur maison. »

Néanmoins, les commodités ne sont pas la panacée pour de nombreux travailleurs. Certains autres avantages sont encore plus souhaitables.

L’étude Hired a révélé que les horaires de travail flexibles, les congés payés, les prestations de santé, les régimes de retraite et les primes basées sur la performance étaient les avantages les plus convaincants qu’une entreprise pouvait offrir au-delà de la rémunération en 2022.

La culture d’entreprise est également importante, a souligné Mme Koifman. Elle célèbre depuis longtemps les anniversaires du personnel parce qu’elle sait que cela permet aux travailleurs de se sentir inclus et valorisés.

« Je pense souvent que je me soucie des gens avec qui je travaille. Ils comptent pour moi et donc si c’est le cas pour vous : comment le démontrez-vous ? observe-t-elle. Ce n’est pas seulement dans l’espace de bureau, mais c’est aussi dans la façon dont on travaille au quotidien avec ses employés. »