Trois ou quatre minutes par jour d’activité physique vigoureuse suffiraient pour réduire de moitié le risque de décès de cause cardiovasculaire, démontre une étude australienne à laquelle a collaboré un chercheur ontarien.

Mieux encore, ces trois ou quatre minutes sont en fait des activités quotidiennes qui sont converties en exercice vigoureux. Il n’est donc pas question d’essayer de trouver du temps supplémentaire dans des journées déjà surchargées.

« Il n’y a plus d’excuses », a lancé le professeur Martin Gibala, de l’université McMaster, au sujet de ceux qui prétendent être trop occupés pour se tenir en forme.

Pilotée par le professeur Emmanuel Stamatakis de l’Université de Sydney, l’étude publiée par le journal scientifique Nature Medicine s’est intéressée à ce que les chercheurs appellent en anglais la « vigorous intermittent lifestyle physical activity » (VILPA), et qu’on pourrait traduire par l’« activité physique intermittente intense du mode de vie ».

Courir jusqu’à l’arrêt d’autobus, gravir l’escalier rapidement ou accélérer le pas en faisant l’épicerie sont quelques exemples de VILPA.

Les chercheurs ont étudié pendant sept ans quelque 25 000 participants à la UK Biobank qui se décrivaient comme sédentaires. Un moniteur d’activité physique porté par les sujets a révélé que 89 % d’entre eux pratiquaient une forme de VILPA chaque jour, et que 93 % de ces VILPA duraient environ une minute.

Les moniteurs d’activité physique, a expliqué le professeur Gibala, peuvent être utilisés « pour capter ces brèves poussées de VILPA qui ne sont pas captées autrement ».

« Donc, on peut en apprendre davantage au sujet des bienfaits pour la santé, ou des bienfaits potentiels, de ces très petites séances d’activité physique », a-t-il dit.

Les participants à l’étude effectuaient en moyenne huit séances de VILPA par jour ; chacune durait une minute ou moins, pour un total d’environ six minutes chaque jour.

En plus de réduire de 49 % le risque de décès de cause cardiovasculaire, quelques minutes par jour de VILPA ont été associées à une chute de 40 % du risque de décès toutes causes confondues et du risque de décès causé par le cancer.

Les bienfaits les plus importants pour la santé ont été constatés en comparant les participants qui faisaient quatre ou cinq séances de VILPA par jour à ceux qui n’en faisaient aucune.

Toutefois, le maximum de 11 séances de VILPA par jour a été associé à une réduction de 65 % du risque de décès de cause cardiovasculaire et de 49 % du risque de décès causé par le cancer, toujours en comparaison avec aucune séance de VILPA.

« C’est vraiment frappant en termes de réduction relative du risque, a conclu le professeur Gibala. On espère que ça va motiver les gens quand ils vont voir le peu que ça prendrait pour obtenir des bienfaits potentiellement aussi importants. »

Huit minutes par jour

Une autre étude, celle-là publiée par des chercheurs australiens dans le European Heart Journal, indique que seulement huit minutes d’activité physique vigoureuse par jour (pour un total de moins d’une heure par semaine) sont associées à une réduction de 35 % du risque de maladie cardiovasculaire et de 36 % du risque de décès toutes causes confondues.

Les chercheurs ont épluché les données générées par les moniteurs d’activité physique portés par plus de 71 000 sujets britanniques. Cela leur a permis de constater que, comme on peut s’y attendre, plus on bouge, plus on en retire de bienfaits pour la santé.

La surprise tient davantage au fait que l’effet protecteur semble se stabiliser à partir d’un certain moment. Des poussées d’activité physique, expliquent les chercheurs dans un communiqué, améliorent la pression artérielle, combattent les plaques qui obstruent les artères et augmentent la forme physique générale.

Elles seraient aussi plus efficaces que des exercices modérés pour aider l’organisme à s’adapter aux demandes qui lui sont faites.

Les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis recommandent actuellement 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée ou 75 minutes d’activité physique vigoureuse par semaine. On recommande de plus de travailler la force musculaire, par exemple en soulevant des poids, au moins deux fois par semaine.

Mais à peine la moitié des Américains atteindraient la cible de 150 minutes par semaine, et moins du quart travailleraient leur force musculaire deux fois par semaine.
Huit minutes par jour, au lieu de 30 minutes, pourraient donc représenter une cible plus alléchante et plus motivante pour certains.