Les hommes et les femmes qui s’entraînent obtiendront des résultats différents en fonction du moment de la journée où ils pratiquent leur activité physique, selon une nouvelle étude américaine publiée par Frontiers in Physiology.

En comparant des hommes et des femmes qui s’entraînaient soit le matin, soit le soir, les chercheurs du collège new-yorkais Skidmore ont ainsi constaté, au terme d’un programme de 12 semaines, que les femmes qui s’entraînaient le matin perdaient plus de poids, tandis que celles qui s’entraînaient le soir ajoutaient plus de force et de puissance au haut du corps.

Aucune différence du genre n’a été constatée chez les hommes. Toutefois, les hommes qui s’entraînaient plus tard pendant la journée réduisaient de manière importante leur pression artérielle. Ils perdaient aussi plus de gras que les femmes, même s’ils effectuaient les mêmes exercices.

« Beaucoup de gens qui s’entraînent vont avoir des déceptions parce que les résultats seront moindres que ceux que l’on souhaite », a réagi le professeur Pascal Imbeault, de l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa.

« Il y a beaucoup de facteurs qui influencent cette absence de réponse ou cette réponse réduite à l’entraînement. Alors il y a peut-être justement l’aspect de la chronobiologie qui entre en jeu, et ça, c’est un facteur qu’on ignorait il y a plusieurs années encore. »

Les conclusions de l’étude new-yorkaise vont dans le même sens que celles d’études précédentes.
Par exemple, une étude publiée en 2021 indiquait que le meilleur moment pour pratiquer des exercices de force et de puissance est en fin d’après-midi, au moment où notre température corporelle est la plus élevée.

Un an plus tôt, une étude avait constaté que les hommes qui s’entraînaient entre 15 h et 18 h amélioraient grandement le contrôle de leur glycémie et leur sensibilité à l’insuline, comparativement à ceux qui s’entraînaient entre 8 h et 10 h. Cela est particulièrement pertinent pour les hommes qui souffrent, ou qui sont à risque de souffrir, de diabète de type 2.

Cela étant dit, poursuit le professeur Imbeault, la science sait déjà que les femmes ont tendance à être davantage de « type matin » et les hommes de « type soirée » (ce qu’on appelle leur « chronotype »), ce qui pourrait en partie expliquer les résultats obtenus par les chercheurs new-yorkais.

« Je m’attendrais donc à ce que les femmes qui s’entraînaient le matin vont avoir probablement une meilleure réponse à leur entraînement que celles qui étaient dans le groupe de soirée », a-t-il dit.
La première leçon à tirer de cette étude, poursuit-il, est donc de se demander, avant de se lancer dans un programme d’entraînement, à quel moment de la journée on se sent le plus « réveillé » ou le plus « vigoureux », puisque c’est à ce moment qu’on risque d’obtenir les meilleures réponses.

« Le moment idéal pour s’entraîner est celui où notre température corporelle est la plus élevée, parce que c’est à ce moment que notre corps est en action, qu’il est activé, a expliqué le professeur Imbeault.

C’est à ce moment que nous sommes dans une zone optimale et que c’est le plus naturel de pousser à fond. »

Certaines montres intelligentes permettent aujourd’hui de mesurer notre température corporelle en temps réel, et donc d’identifier notre chronotype, ajoute-t-il.

Il cite en exemple la coureuse qui sort seule tous les matins à 6 h et la femme qui s’entraîne en gymnase en début de soirée, en fonction de leurs chronotypes respectifs, mais aussi parce que la première fonctionne très bien seule et que la deuxième a besoin de la présence des autres pour être motivée.

Cela pourrait expliquer pourquoi, dans l’étude new-yorkaise, les participantes qui se sont entraînées le matin ont perdu du poids, tandis que celles qui se sont entraînées en soirée ont pris du muscle.

« Mais je ferais attention avant de conclure que pour perdre du poids, il faut absolument s’entraîner le matin, a conclu le professeur Imbeault. C’est normal pour moi d’avoir eu une meilleure réponse chez les femmes parce qu’elles sont naturellement plus de “type matin”. Si on demande à quelqu’un de sortir du lit à 5 h du matin pour s’entraîner alors qu’il plus de “type soirée”, c’est un échec presque garanti. »