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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté. » La santé mentale est donc tributaire des relations qu’un individu entretient avec son entourage. Cela explique l’importance que revêt le milieu du travail, compte tenu de la proportion importante de temps que l’on y passe. Non seulement le milieu de travail est un endroit de socialisation, mais le travail lui-même constitue un moyen incontestable de réalisation de soi, d’engagement et de valorisation sociale.

Quand rien ne va plus
Malheureusement, le milieu de travail peut s’avérer une source importante de stress qui peut rapidement se transformer en souffrance et déception : on parle alors de problèmes de santé mentale liés au travail. En plus des conséquences pour la personne, les problèmes de santé mentale au travail ont un impact négatif sur les entreprises, que ce soit en matière d’absentéisme, de présentéisme et des coûts qui y sont associés, de baisse de productivité et de roulement du personnel. Parmi les troubles de santé mentale les plus observés au travail, on note les troubles anxieux et la dépression. À ces problèmes s’ajoute le syndrome de l’épuisement professionnel ou « burnout » dont les symptômes se caractérisent par des altérations de la pensée, de l’humeur et du comportement chez la personne qui en souffre. Selon Santé Canada, près du tiers des demandes de prestations d’invalidité découle de problèmes de santé mentale, ce qui représente environ de 15 à 33 milliards $par année. Le fardeau économique que représentent la dépression et la détresse s’élève à plus de 14,4 milliards $ par année, dont au moins 8 milliards $ en perte de productivité pour les entreprises canadiennes.

Prévenir les problèmes de santé mentale au travail
Non seulement le soutien social de l’entourage – famille, amis et collègues de travail – peut très bien contribuer à aider l’employé à prévenir et à réduire les sources de stress au travail, les entreprises doivent aussi, de manière efficace, se doter de méthodes planifiées et structurées en prévention des problèmes de santé mentale. La tenue de réunions d’équipe régulières, la mise en place de mécanismes participatifs, la formation du personnel, la mise en place de programmes de reconnaissance sont, parmi tant d’autres, des mesures qui peuvent être adoptées pour optimiser le climat de travail et ainsi contribuer à la protection des travailleurs contre les sources de stress.

Pour une entreprise, travailler en étroite collaboration avec un assureur qui est en mesure d’offrir et de mettre en œuvre des pratiques éprouvées et adaptées en matière de prévention et d’intervention est un atout indéniable. Il devient en quelque sorte, une prolongation du service des ressources humaines. L’expertise de l’assureur ainsi mise à profit permet d’optimiser en milieu de travail les initiatives de prévention en gestion de l’invalidité. D’une part, il analyse l’entreprise participante dans le but d’identifier les indicateurs qui tendent à générer les sources de stress au travail; d’autre part, il examine les données recueillies et les compare aux résultats des études comparatives du secteur dans lequel l’entreprise évolue. Enfin, le diagnostic de la santé organisationnelle de l’entreprise ne sera complet que s’il tient compte d’indicateurs tels que les consultations au programme d’aide aux employés (le cas échéant), les données sur l’absentéisme, les données en santé et sécurité au travail, le questionnaire sur les habitudes de vie, la tenue de groupes de discussion et autres évaluations des pratiques en ressources humaines.

Recherche en santé mentale au travail
Un projet de recherche, le premier du genre au Canada, réunit plusieurs acteurs du milieu de la recherche et La Standard Life. En collaboration avec une équipe de recherche universitaire, la participation de l’assureur à ce projet de recherche consiste à établir un échantillonnage précis. Cette recherche servira non seulement à mettre au point de nouveaux outils d’intervention pour mieux identifier et prévenir les problèmes de santé mentale au travail, mais aussi à évaluer les pratiques mises en place par l’entreprise. Différents outils seront mis à l’essai pour identifier lesquels sont les plus efficaces en matière de détection de la détresse psychologique, de l’épuisement professionnel ou de la dépression. Plusieurs types d’interventions seront également analysés afin de mesurer leur efficacité pour réduire les risques de problèmes en santé mentale.

Enquête – phase 1
Une enquête s’échelonnant sur cinq ans sera entreprise à partir d’un échantillon de 60 sociétés québécoises, séparé en deux groupes de 30 sociétés selon le taux d’incidence, élevé ou bas, d’invalidité de courte et de longue durée. Les employés des entreprises participantes, selon un échantillonnage aléatoire, seront invités à répondre à un questionnaire. Le questionnaire portera sur la santé, la famille, le travail, le réseau social ainsi que la communauté locale et les caractéristiques individuelles. Les travailleurs participants seront suivis pour évaluer :

  1. l’impact de différents facteurs – au travail et à l’extérieur du travail, sur certains indicateurs – physiologiques : taux d’hormone (cortisol) et d’enzyme (alpha-amylase) dans la salive ainsi que facteurs symptomatiques : dégradation de l’humeur, du comportement, perte de poids, etc. – qui permettent de mesurer le niveau de stress au travail;
  2. les effets sur la personne compte tenu de plusieurs caractéristiques individuelles.

Objectifs spécifiques – phase 1

  • Analyser s’il y a corrélation entre les diverses mesures de la santé mentale (détresse, épuisement professionnel, dépression) et les mesures physiologiques (hormones et enzymes dans la salive);
  • Analyser s’il y a corrélation entre les diverses mesures de la santé mentale et le taux d’incidence en invalidité de courte et de longue durée pour de tels problèmes;
  • Étudier comment différents facteurs, au travail et à l’extérieur du travail (famille, réseaux sociaux, communauté), interagissent avec le genre, les caractéristiques psychologiques, les cycles de vie et les événements de la vie pour expliquer la santé mentale et ses manifestations physiologiques;
  • Évaluer la mesure dans laquelle les indicateurs physiologiques permettent de prédire les problèmes de santé mentale et comment ceux-ci peuvent être utilisés comme outils de diagnostic précoce;
  • Analyser les pratiques organisationnelles de diverses entreprises en matière de prévention des problèmes de santé mentale afin d’en dégager des pratiques exemplaires.

Enquête – phase 2
Parmi les entreprises sondées lors de la première phase, 12 sociétés seront retenues en fonction de leurs résultats en matière de santé mentale : taux d’incidence en invalidité de courte et de longue durée, détresse psychologique, épuisement professionnel, dépression. Parmi les 12 entreprises sélectionnées, des études de cas seront effectuées sur 6 entreprises ayant des taux d’incidence bas, afin d’identifier les pratiques expliquant leur meilleur état de santé. Pour les 6 autres entreprises ayant un taux d’incidence élevé, des interventions adaptées seront menées pour évaluer l’état des problèmes de santé mentale qui ont été diagnostiqués et leurs signes physiologiques (hormone et enzymes dans la salive).

Objectifs spécifiques – phase 2

  • Évaluer l’efficacité des pratiques organisationnelles mises en place à titre préventif dans 6 des 12 entreprises participantes;
  • Développer et mettre en œuvre, en collaboration avec les partenaires internes (ressources humaines et gestionnaires), des interventions réduisant les risques ayant une incidence sur la santé mentale dans les 6 autres entreprises;
  • Évaluer le déroulement et l’évolution de ces interventions afin d’en maximiser l’efficacité;
  • Analyser les résultats de ces interventions sur la perception des facteurs de stress, les paramètres physiologiques du stress et la santé mentale des participants, les coûts et les avantages de ces interventions.

Les partenaires
L’équipe de recherche est composée de chercheurs de l’Université de Montréal, de l’Université Bishop, de l’Université Laval et du Centre de recherche Fernand-Séguin de l’Hôpital Louis–H. Lafontaine. Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Fonds de la recherche en santé au Québec (FRSQ) subventionnent le projet. La Standard Life est heureuse de collaborer à une telle recherche. Ce projet s’inscrit dans une démarche rigoureuse d’intervention globale et de prévention précoce des problèmes de santé mentale au travail, qui est conforme à l’approche de l’assureur en matière de prévention en santé, mieux-être et gestion de l’invalidité. Une telle approche permettra non seulement de mettre au point une intervention mieux ciblée en collaboration avec les ressources internes au sein de l’entreprise, mais permettra aussi de suivre l’évolution de la situation en milieu de travail afin de mieux diagnostiquer l’état global de l’entreprise en ce qui a trait à la santé mentale de ses travailleurs.

Mieux comprendre pour mieux prévenir
Tant pour les chercheurs que pour le milieu des affaires, un solide arrimage entre les parties prenantes est essentiel, à la fois pour faciliter et réaliser le volet recherche et pour vulgariser les résultats auprès des organisations par la suite. Ce projet s’inscrit dans une approche préconisée par l’assureur en matière de prévention en santé, mieux-être et gestion de l’invalidité, soit de travailler en amont avec tous les intervenants des milieux concernés, pour mieux comprendre les indicateurs qui sous-tendent les augmentations fulgurantes des problèmes en santé mentale au travail et des coûts d’indemnisation qui y sont liés.

Équipe de recherche
Alain Marchand, Ph D.

École de relations industrielles, Université de Montréal

Pierre Durand, Ph.D.
École de relations industrielles, Université de Montréal

Andrée Demers, Ph.D.
Département de sociologie, Université de Montréal

Victor Haines, Ph.D.
École de relations industrielles, Université de Montréal

Steve Harvey, Ph.D.
Williams School of Business, Université Bishop’s

Sonia Lupien, Ph.D.
Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine
Département de psychiatrie, Université de Montréal

Marie-Hélène Parizeau, Ph.D.
Faculté de philosophie, Université Laval

Vincent Rousseau, Ph.D.
École de relations industrielles, Université de Montréal

Marcel Simard, Ph.D.
École de relations industrielles, Université de Montréal

Scott MacDonald, Ph.D.
School of Health Information Science, University of Victoria (collaborateur)

Personnes-ressources – Compagnie d’assurance Standard Life du Canada
Christine Potvin

Vice-présidente, assurances collectives, expérience client
Compagnie d’assurance Standard Life du Canada

Sophie Dubé, M.Sc., CRHA
Directrice, santé mieux-être, assurances collectives
Compagnie d’assurance Standard Life du Canada

Rédaction
François Guignard

Consultant, communications, assurances collectives
Compagnie d’assurance Standard Life du Canada