L’état fragilisé de la santé mentale collective perdure depuis déjà plus de deux ans et les répercussions seront ressenties longtemps après la fin de la pandémie. Certains groupes ont été affectés plus sévèrement, dont les femmes, et plus spécifiquement les femmes gestionnaires.

L’Indice de santé mentale de Solutions Mieux-être LifeWorks a relevé que mois après mois, les femmes occupant des postes de gestion détiennent le plus bas score de santé mentale comparativement aux hommes gestionnaires et aux employés non gestionnaires en général.

Certains facteurs socio-économiques, tels que la double charge au travail et à la maison et les biais de genre, exposent les femmes à de plus grands risques pour leur santé mentale. Plus d’un quart d’entre elles déclarent que celle-ci s’est détériorée depuis le début de la pandémie, et aucune amélioration substantielle n’est en vue.

L’environnement de travail a un impact direct sur la santé mentale des employés, et la situation est préoccupante. Les gestionnaires ont été appelés à prendre des mesures extraordinaires et ont fait face à des défis organisationnels sans précédent. Ils sont plus susceptibles que les non-gestionnaires d’être exposés à une charge de travail et à des responsabilités accrues et par conséquent, à une augmentation du niveau de stress. En revanche, les femmes gestionnaires ressentent le poids de cette surcharge de façon plus marquée : elles sont 30 % plus portées que les hommes à affirmer que leur stress au travail a augmenté.

Certains facteurs, tels que la reconnaissance et le sentiment d’appartenance à l’entreprise, sont liés à une meilleure santé mentale, à une diminution du sentiment d’isolement et à une plus faible incidence des problèmes de santé mentale sur la productivité. Les gestionnaires avouent être à bout de souffle. Le besoin d’être apprécié est plus grand en situation de stress soutenu. Il est donc plus important que jamais de témoigner aux gestionnaires la reconnaissance dont ils ont tant besoin. Malheureusement, le sentiment d’être sous-estimées est récurrent chez les femmes, peu importe si elles sont gestionnaires ou non. Les femmes gestionnaires sont près de deux fois plus nombreuses que les hommes gestionnaires à déclarer que l’impression d’être sous-estimées est la raison principale qui les amène à considérer un changement d’emploi. Ce sentiment pernicieux est souvent suffisant pour passer à l’acte, puisqu’il est cité cinq fois plus souvent par les femmes gestionnaires comme étant la raison principale pour laquelle elles ont quitté leur poste pendant la pandémie.

Les employeurs ont tout à gagner à établir un climat et des politiques organisationnelles qui soutiennent la santé mentale et le mieux-être de leurs employés. Une étude récente de LifeWorks a démontré que les employés qui affirment que la culture de leur organisation favorise leur bien-être personnel obtiennent un score de santé mentale plus élevé que la moyenne nationale. Le pire score, bien en dessous de la moyenne, est conséquemment observé chez les répondants qui ne croient pas que la culture de leur organisation promeut leur bien-être, les femmes étant 40 % plus susceptibles que les hommes de faire partie de ce groupe.

La pandémie a accéléré le passage à un mode de travail hybride ou complètement à distance. La mise en place de politiques de télétravail est la bienvenue pour un grand nombre d’employés. On constate que les deux tiers des employés canadiens indiquent que le télétravail a une incidence positive sur leur santé mentale. De plus, la flexibilité est devenue une demande prééminente chez les employés.

Toutefois, les politiques de travail hybride ne doivent pas être utilisées pour résoudre des problématiques de milieu de travail conflictuel et toxique. Les femmes sont près de deux fois plus disposées que les hommes à vouloir faire du télétravail pour éviter les tensions ou les conflits avec leurs collègues. Or, bien qu’une certaine distance puisse être bénéfique, les conflits doivent prioritairement être réglés en respectant les étapes officielles de la politique d’entreprise. Un environnement de travail empathique et des politiques accessibles et claires sont essentiels pour la gestion optimale des conflits.

La situation a des répercussions qui vont bien au-delà du milieu de travail et malheureusement, des tendances alarmantes se manifestent de plus en plus. Bien que les hommes soient plus enclins que les femmes à consommer 9 verres ou plus par semaine, 40 % des femmes ont augmenté leur consommation d’alcool depuis le début de la pandémie, comparativement à 30 % chez les hommes. Les stratégies d’adaptation malsaines posent un risque supplémentaire pour la santé mentale et peuvent mener à un déclin exacerbé de toutes les facettes de la santé d’une personne.

Il est de la responsabilité de l’employeur de reconnaître les défis auxquels chaque groupe d’employés fait face et de leur offrir du soutien. Une oreille attentive et le désir sincère de l’employeur de devenir un acteur de changement dans cette situation qui perdure contribueront positivement à l’expérience employé et ultimement, à retenir vos précieux employés.

Marilyn Grand’Maison est spécialiste principale de recherche et analytiques à Solutions Mieux-être LifeWorks