Les climats de travail toxiques sont monnaie courante en Corée du Sud, et les employés victimes de harcèlement sont généralement laissés à eux-mêmes. L’entrée en vigueur d’une nouvelle législation cette semaine pourrait améliorer les choses.

Dans les entreprises coréennes, les employés qui se plaignent d’être harcelés par leur supérieur sont souvent licenciés. La culture du travail qui règne dans le pays veut plutôt que les employés subissent les comportements abusifs de leur patron sans rien dire.

Or, la nouvelle loi prévoit que les employeurs qui licencient injustement leurs employés dans des affaires de harcèlement seront passibles de poursuites pénales, rapporte l’AFP. Les amendes peuvent atteindre 32 000 $, et les dirigeants sont passibles de trois ans d’emprisonnement.

Selon une étude réalisée par le gouvernement, deux tiers des salariés ont été harcelés au travail, tandis que 80 % en ont été témoin. La hiérarchisation extrême des entreprises en Corée du Sud, les journées de travail interminables ainsi que la très forte compétition pour les meilleurs emplois constituent un terreau fertile pour le harcèlement en milieu de travail.

Le gabjil, véritable phénomène de société

Le phénomène est si répandu que les Sud-Coréens ont inventé un terme pour désigner les abus commis par ceux qui sont en position de pouvoir: gabjil. L’association de défense des salariés Workplace Gabjil 119 recense d’ailleurs les différents cas de harcèlement et les comportements inappropriés dont sont victimes les salariés.

Certains employés sont par exemple contraints de rédiger les travaux scolaires des enfants de leur patron, d’exécuter des « danses sexy » ou même de retirer les cheveux gris de leur supérieur avec une pince à épiler. En 2016, un professeur d’université a aussi été emprisonné après avoir tabassé son employé à coups de batte de baseball parce que celui-ci prenait des pauses.

Le gabjil est présent dans tous les secteurs d’activité de l’économie coréenne. Les travailleurs craignent de dénoncer leur supérieur de peur de perdre leur emploi alors que le chômage est à la hausse et que le système de protection sociale est faible.

Bien que Workplace Gabjil 119 accueille favorablement la nouvelle législation, elle déplore que la loi pénalise seulement les employeurs qui punissent les victimes d’avoir dénoncé des cas de harcèlement et pas directement les harceleurs.