Les jeunes travailleurs britanniques sont plus nombreux que jamais à ne pas pouvoir travailler en raison de problèmes de santé mentale. En pleine pénurie de main-d’œuvre, la situation devient alarmante, jugent économistes et experts en santé mentale.

Selon le Bureau des statistiques nationales du Royaume-Uni, le nombre de personnes âgées de 16 à 24 ans ayant cité une maladie de longue durée comme raison de leur inactivité économique a augmenté de 29 % depuis le début de la pandémie. La situation est encore plus préoccupante chez les 25-34 ans, avec un bond de 42 %, rapporte Bloomberg.

Les jeunes ne sont toutefois pas les seuls concernés. Le stress lié au travail est aussi le principal facteur d’inactivité chez les personnes âgées de 50 à 54 ans, selon les données du gouvernement. Dans l’ensemble, les problèmes de santé mentale sont responsables d’un total d’environ 600 000 personnes économiquement inactives dans tous les groupes d’âge, soit une augmentation de 10 % par rapport aux chiffres d’avant la pandémie.

Ce taux élevé d’invalidité causé par les problèmes de nature psychologique a des effets économiques directs en exacerbant la pénurie de main-d’œuvre et en augmentant la concurrence salariale entre les entreprises, ce qui alimente les pressions inflationnistes.

Bien que la pandémie ait aggravé la situation, la santé des jeunes britanniques se détériorait déjà « de manière assez spectaculaire » avant l’entrée en scène de la COVID-19, soutient Louise Murphy, économiste à la Resolution Foundation.

Les données du système de santé britannique ont montré qu’en Angleterre, un jeune de 17 à 19 ans sur quatre souffrait d’un trouble mental probable en 2022, contre un sur six l’année précédente.

Ces chiffres viennent s’ajouter aux récentes recherches de Institute for Public Policy Research, qui ont montré que les problèmes de santé mentale étaient les affections les plus courantes chez les personnes exclues du marché du travail pour cause de maladie de longue durée. Le rapport de décembre indique également que les jeunes de 20 à 29 ans qui ne travaillent pas pour cause de maladie sont 50 % plus susceptibles de signaler un problème de santé mentale que les adultes plus âgés en âge de travailler.

Le problème est particulièrement prononcé chez les hommes, selon la Resolution Foundation. Le nombre d’hommes inactifs souffrant de problèmes de santé mentale a atteint 37 000 en 2021, soit une augmentation de 103 % par rapport aux chiffres de 2006, un niveau nettement supérieur à celui observé chez les femmes.

Le système de santé et les réseaux sociaux en cause

Les différents travaux réalisés sur le sujet suggèrent que les problèmes d’accès aux soins en santé psychologique sont un facteur clé de l’aggravation de la situation. Les temps d’attente ont augmenté durant la pandémie, alors que la baisse du nombre de consultations a potentiellement multiplié le nombre de cas non diagnostiqués.

Une autre cause est toutefois identifiée par les chercheurs pour expliquer cette forte hausse de troubles de santé psychologiques chez les jeunes travailleurs : les réseaux sociaux. « Ils jouent probablement le plus grand rôle dans la détérioration de la situation chez la jeune génération », estime Majorie Wallace, directrice générale de l’organisation caritative pour la santé mentale Sane, interrogée par Bloomberg.

Le climat général actuel, avec la crise du coût de la vie, la guerre en Ukraine et l’incertitude politique ambiante sont également des éléments perturbateurs susceptibles de happer la santé mentale des jeunes britanniques, et de les éloigner du marché du travail.