Une organisation du travail basée sur le fonctionnement du cerveau, ça ressemble à quoi ? Au mode hybride structuré, selon ce que rapporte la neuroscientifique et professeure titulaire à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, Sonia Lupien.

Lors du Congrès RH 2024, qui s’est déroulé la semaine dernière à Montréal, la directrice du Centre d’études sur le stress humain rappelle que ce n’est pas le travail en tant que tel qui génère du stress chez les employés. C’est plutôt la fragmentation de leur concentration.

Grossièrement résumé, le cerveau est sollicité d’une façon qui n’est pas soutenable à long terme, butinant d’un courriel à une notification Teams en passant par ce document qu’on ne parvient jamais à compléter parce qu’on est constamment dérangé.

Dans une économie du savoir, on doit préserver cette matière grise, et lui permettre de fonctionner à son plein potentiel. Et ça, ça requiert du temps de travail profond, du « deep work » comme on l’appelle dans la langue de Shakespeare.

Désormais, les gestionnaires devraient donc protéger à tout prix ce temps de concentration, afin que leur équipe fasse des gains de productivité et livre la marchandise. Une révision de l’organisation du travail s’impose, au moment où on réfléchit justement au nombre de jours que l’on devrait inviter les salariés à revenir au bureau.

Sa suggestion : scinder la semaine en moments d’efficacité, où chaque travailleur accepte d’être dérangé par toute sorte de communication, et en période de productivité, où toutes perturbations sont proscrites afin de permettre à l’employé d’être axé sur l’accomplissement de tâches.

Afin d’éviter les effets néfastes du télétravail sur la santé mentale et le sentiment d’appartenance, l’auteur du livre Stress au travail vs stress du travail recommande de passer ces moments d’efficacité au bureau et d’y convier obligatoirement tous les collègues d’une même équipe. Si les employés restent à la maison afin de ne pas être dérangés, la science semble démontrer qu’après 15,1 heures par semaine, la productivité décline, ajoute-t-elle.

Cet article a initialement été publié par Les Affaires