Un horloge
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Travailler huit heures par semaine, ça vous dirait? Ou deux heures par jour? Ou d’avoir une fin de semaine de cinq jours? Ou un mois de congé après en avoir travaillé deux?

Ce sont les scénarios – fantaisistes ou utopiques, diront certains – imaginés par des chercheurs de la prestigieuse université britannique de Cambridge qui ont constaté que huit heures de travail par semaine suffisent apparemment à procurer les bienfaits psychologiques associés au travail.

Ils écrivent dans le journal Social Science and Medicine que le risque de problèmes mentaux chutait de 30 % quand des gens reprenaient le travail, par exemple au terme d’une période de chômage ou d’un congé parental.

Et il s’agit-là d’une nuance extrêmement importante qui donne une tout autre teinte à leurs résultats, a prévenu la directrice adjointe du département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal, la professeure Julie Ménard, puisqu’on ne parle pas de gens qui travaillaient 40 heures par semaine et qu’on a réduits à huit heures par semaine.

« Ce que ça veut dire c’est que passer d’un statut où la personne ne travaille pas ou est inactive, ça donne un bénéfice à partir du moment où on fait entre une et huit heure(s) de travail (par semaine), a-t-elle précisé. Donc, ça n’en prend pas plus que ça pour que la personne se sente beaucoup mieux. »

Les chercheurs britanniques ont tenté, sans succès, de répondre à la question que se posent les experts dans ce domaine: y a-t-il un nombre optimal d’heures de travail par semaine?

Leur étude de plus de 70 000 Britanniques leur a démontré que la semaine normale de travail de 35 ou 40 heures ne se distinguait en rien des autres durées de travail, au chapitre de la santé mentale. Donc, oui, certains pourraient être parfaitement heureux de ne travailler qu’une journée par semaine, mais d’autres deviendraient dingues en ne sachant plus quoi faire de leurs dix doigts.

« On ne pourra jamais répondre à cette question-là parce que ça dépend (…) de l’individu, et pas seulement de l’individu, mais aussi de son contexte de travail, a dit Mme Ménard. Oui le travail favoriserait la santé psychologique parce que ça apporterait une routine, un contact social, ça favoriserait la variété, le but commun, ça donnerait un sens d’identité à la personne… Par contre, il y a plusieurs autres variables à prendre en considération, notamment le facteur économique qui pourrait jouer pour plusieurs. »

Les auteurs de l’étude estiment que leurs travaux pourraient prendre une tout autre importance à une époque où le travail risque de se faire de plus en plus rare face à l’avancée des robots et de l’intelligence artificielle, quand on devra peut-être apprendre à se partager les quelques heures qui seront encore disponibles.

Une telle redistribution pourrait aussi améliorer l’équilibre travail-famille, gonfler la productivité et réduire les émissions de CO2 engendrées par les déplacements vers le lieu de travail.

« Ce que ça dit, c’est que travailler un peu, c’est essentiel. Pour des personnes qui seraient inactives, ce serait peut-être une bonne idée de penser à prendre une occupation salariée quelques heures par semaine. C’est surtout ça que l’étude dit », a conclu Mme Ménard.