Simeon Goldstein, rédacteur en chef, Avantages

En septembre dernier, j’ai assisté à la conférence régionale de l’Institut Canadien de la Retraite et des Avantages sociaux (ICRA) à Québec. Il s’agit, comme toujours, d’une excellente occasion d’apprentissage et de réseautage. Et l’industrie québécoise s’y est de nouveau rendue en grand nombre – une participation record, m’a confirmée le comité organisateur, qui a dépassé les 700 personnes pour la première fois.

L’un des conférenciers qui a particulièrement retenu mon attention était l’athlète, et fondateur du Grand Défi, Pierre Lavoie. Dans le cadre d’un déjeuner-causerie, M. Lavoie a exposé son parcours et ses participations à la compétition Ironman de Hawaï, ainsi que les motivations derrière sa lutte pour sensibiliser ses concitoyens sur l’acidose lactique et recueillir des fonds pour des recherches sur cette maladie génétique. Il est sans aucune doute une source d’inspiration.

M. Lavoie a aussi abordé la création de l’organisme sans but lucratif « Go le Grand défi », dont l’objectif est de promouvoir et de développer de saines habitudes de vie chez les jeunes âgés de six à 12 ans. Dans un contexte où encore trop peu de Québécois sont en mesure d’affirmer qu’ils ne fument pas, font assez d’activité physique et mangent bien, le message est clair : il faut changer notre modèle de société. Or, comme le souligne M. Lavoie, un chemin social ne s’impose pas. Il faut partir de l’éducation, afin que les gens passent de la prise de conscience à la prise en charge. Les personnes qui adoptent de bonnes et saines habitudes de vie dès leur plus jeune âge sont en effet plus susceptibles de les maintenir tout au long de leur vie. Il faut donc applaudir les efforts de cet organisme.

Quant aux adultes, par contre, le défi n’est pas moindre. Vieillissement de la population oblige, il faut des stratégies qui incitent les employés à se prendre en main. Et il n’est pas trop tard pour le faire. On constate en effet que de plus en plus d’entreprises s’attaquent au bien-être de leur personnel, dans l’optique de prévenir les ennuis de santé – et les coûts associés – qui pourraient survenir plus tard. Mais le message atteint-il vraiment les personnes ayant davantage besoin de revoir leur style de vie ? Arrive-t-on à faire bouger les employés les plus sédentaires ?

Une méthode qui semble gagner des adeptes au sud de la frontière est celle des récompenses financières. Réduire les cotisations au régime d’assurance collective pour les participants aux programmes de (re)mise en forme encouragerait plus d’un à y adhérer. On pourrait aussi prévoir des récompenses ou cadeaux pour les personnes qui perdent du poids, si tel est l’objectif du programme. Par contre, il faut s’assurer que l’employé apprécie aussi les conséquences positives sur sa santé, soit les récompenses non financières, pour qu’il maintienne ces habitudes à long terme. À ce titre, on sait aussi que l’implication des cadres supérieurs est primordiale – la participation du président est une image forte et sert d’exemple au reste du personnel.

Sur le plan de l’assurance collective, il semble qu’on parle de plus en plus d’une tendance à l’instar des régimes de retraite, l’implantation d’une sorte de régime à « cotisation déterminée ». Les employeurs veulent en effet avoir plus de prévisibilité quant aux coûts. Cela implique également une plus grande responsabilité de la part des individus. Le rôle de l’employeur serait alors de sensibiliser. Proposer des outils pour évaluer son état de santé revêt donc une grande utilité.

Le Grand Défi offre, d’ailleurs, un programme pour entreprises, qui permet aux employés – et aux cadres supérieurs ! – de déterminer leur état de santé réel et ainsi les mesures nécessaires pour l’améliorer. Est-ce que tout le monde va se mettre à faire des triathlons ? Ce serait étonnant. Par contre, faire un tel bilan suppose un questionnement sur ses actions pour mener une vie saine. On saura ainsi les mesures à prendre, qu’il s’agisse de changer de diète ou de faire plus d’exercice. Le changement passerait alors par la volonté même des employés. Et vous alors ? Qu’avez-vous fait aujourd’hui ?