Tout supporteur des Canadiens de Montréal le sait. Il peut bien y avoir des avantages à jouer chez soi, devant ses partisans, mais ça ne garantit pas la victoire. Pourtant, les attentes sont souvent plus élevées que lorsque l’équipe joue dans une autre ville; la déception lors d’une défaite s’avère donc encore plus grande.

Sur le plan des investissements, il est clair que les Canadiens s’intéressent aux options offertes dans d’autres pays. Les données de Statistique Canada le démontrent. En janvier, les investisseurs du pays ont ajouté à leurs portefeuilles des titres étrangers d’une valeur de 2,3 milliards de dollars. Il s’agissait principalement d’actions et d’obligations américaines. En revanche, les investisseurs étrangers ont acquis 1,1 milliard de dollars de titres canadiens, surtout des actions. Des chiffres intéressants, certes. Mais c’est loin d’être tous les investisseurs qui adoptent une stratégie internationale.

Un récent sondage publié par Gestion d’actifs CIBC affirme que plus des deux tiers des Canadiens prévoient investir au pays pour leur portefeuille de retraite. Ce ne sont que 32 % des participants qui songent à se tourner vers les marchés internationaux. Fait intéressant, les jeunes âgés de 18 à 34 ans sont plus susceptibles d’envisager de détenir des actions mondiales que les personnes âgées de 35 à 44 ans.

Le phénomène selon lequel on a tendance à privilégier le marché national n’est peut-être pas surprenant – comme le dit le vieil adage, « mieux vaut un mal connu qu’un bien qui reste à connaître ». Soulignons également le fait que pendant les années de la crise économique de 2008, le Canada s’en est mieux sorti que beaucoup d’autres pays occidentaux. Mais la question se pose : ferme-t-on trop facilement la porte à des occasions de placement intéressantes avec un biais trop domestique ? Comme le note CIBC, des quelque 40 000 titres qui se négocient sur les marchés mondiaux, moins du dixième se trouve sur les marchés canadiens.

Rappelons que la diversification du portefeuille est le mot d’ordre pour la gestion des placements, car elle permet une certaine protection; tous les actifs ne réagissent pas de la même façon au même moment. Il n’est pas seulement question de différentes catégories d’actifs, mais aussi de leur situation. Pour une plus grande caisse de retraite, l’on sait que les investissements dans l’immobilier ou les infrastructures d’un autre pays peuvent s’avérer des stratégies prometteuses. Mais il existe aussi des options à la portée des participants aux régimes à cotisation déterminée. Par exemple, s’intéresser aux placements à l’international offre la possibilité d’une exposition à des actions de sociétés absentes des Bourses canadiennes. On pourrait aussi évaluer les options d’investissement dans des obligations étrangères comme stratégie pour faire face aux fluctuations des taux d’intérêt au pays.

Certes, sortir du pays impose ses défis, dont le risque lié aux taux de change, qui n’est pas le moindre (surtout étant donné l’état actuel du huard). Mais si l’aversion au risque limite trop les horizons de l’investisseur, celui-ci pourrait en sortir perdant ou du moins faire des gains inférieurs à ceux qui pourraient être réalisés avec une stratégie orientée vers l’international. C’est peut-être un plan qui ne convient pas à tout le monde; or, il vaut sans doute la peine d’examiner les options offertes dans d’autres pays. Après tout, on gagne généralement la coupe Stanley grâce aux bons résultats à domicile… et à l’étranger!

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