Avantages : La question essentielle : que peuvent faire les employeurs pour les garder plus longtemps ?
Des enquêtes ont montré que les personnes âgées seraient prêtes à continuer de travailler si leur employeur leur offrait des pratiques de gestion adéquates. On peut classer ­celles-ci en trois volets. Il y a d’abord les accommodements individualisés axés sur l’organisation du travail. On parle ici de conciliation ­travail-vie personnelle, d’horaires variables, de semaines comprimées, de travail à temps partiel, de travail temporaire (seulement trois ou quatre mois par année, par exemple), de télétravail ou encore d’adaptations ergonomiques. Ces travailleurs sont souvent prêts à accepter de perdre des responsabilités, et parfois même une rétrogradation, en échange d’une charge de travail plus légère et d’un rythme plus lent. Les employés âgés désirent aussi qu’on utilise leurs compétences. Ils sont ouverts à accepter des mandats particuliers, à devenir mentor, à faire du coaching, à agir à titre d’ambassadeur lors de divers événements. Bref, ils veulent sentir qu’on ne les met pas à l’écart. Les entreprises peuvent aussi rappeler les retraités pour des remplacements de vacances ou encore pour un coup de main dans les périodes de pointe. Finalement, il y a bien entendu la rémunération à considérer.

Justement, quel rôle jouent les régimes de retraite et d’avantages sociaux dans la rétention des employés âgés ?
Dans certains cas, on remarque que les régimes de retraite généreux, la plupart du temps à prestations déterminées, favorisent les départs plus hâtifs à la retraite. Les promoteurs de ces régimes pourraient donc envisager d’y apporter certains changements pour favoriser une retraite plus tardive de leurs employés. Les entreprises peuvent aussi miser sur des assurances soins de santé, des assurances voyages, et pourquoi pas l’offre de conseils financiers pour encourager les gens à rester plus longtemps. Cela dit, les employeurs ne doivent pas faire l’erreur de s’en tenir aux seules considérations financières.

Les travailleurs qui restent en poste essentiellement parce qu’ils n’ont pas les moyens de partir à la retraite ­risquent-ils d’être moins motivés et productifs ?
Oui, ça peut être problématique, mais dans tous les groupes d’âge il y a des employés moins motivés qui sont là avant tout par obligation. Il ne faut pas généraliser non plus, certaines personnes qui restent au travail parce qu’elles n’ont pas les moyens de partir à la retraite peuvent conserver leur motivation quand même. Cette image du travailleur âgé démotivé et inefficace est alimentée par de nombreux préjugés. Et en alimentant ces préjugés, on pousse les employés en fin de carrière à adopter de tels comportements. Plusieurs études se sont penchées sur les mythes entourant les travailleurs âgés et la plupart ont conclu qu’ils n’étaient pas moins motivés et qu’ils ne s’absentaient pas plus souvent en raison de leurs problèmes de santé.

­Y-a-­t-il un risque pour les entreprises à offrir certains accommodements aux travailleurs âgés sans les offrir aux autres employés ?
Il est effectivement difficile pour un employeur de réserver des pratiques de gestion à certaines catégories d’employés sans créer de perception d’injustice. Mais dans l’avenir, comme société, on n’aura pas le choix d’aller dans cette ­direction-là, de valoriser et encourager le travail à des âges plus avancés. Voilà maintenant plus de 20 ans que l’on parle du défi que cela représentera, et pourtant, on n’y a pas vraiment été confronté jusqu’à maintenant. Ces dernières années, le taux d’emploi a continué de croître, surtout grâce aux femmes. Mais dans les prochaines années, si les travailleurs âgés ne prolongent pas leur vie active, le taux d’emploi va baisser assez substantiellement pour créer un choc économique important.

À partir de quand un travailleur ­est-il « âgé » ?
La notion de travailleur âgé est très difficile à définir précisément. Elle varie grandement selon les pays, les secteurs d’activité et même les entreprises. Mais très souvent, le moment à partir duquel un employé est considéré comme âgé dépend des modalités du régime de retraite. Lorsqu’un participant a la possibilité de prendre sa retraite, même anticipée, il est généralement considéré comme âgé. Dans la plupart des entreprises, l’âge magique se situe aux environs de 55 ans, mais il peut atteindre 60 ans dans certaines organisations, et même commencer à 50 ans dans d’autres.

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