Le télétravail touche davantage les hauts salariés, ceux qui ont fait des études universitaires, les femmes et les résidants de Montréal et de l’Outaouais, indique la plus récente étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). 

Et, à l’opposé, ceux qui sont les moins susceptibles de faire du télétravail sont ceux qui gagnent moins de 20 $ l’heure, ceux qui n’ont pas de diplôme d’études secondaires et ceux qui travaillent dans les régions de la Côte-Nord–Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue.

Plus précisément, en 2022, chez ceux qui gagnaient un salaire d’au moins 50 $ l’heure, 21 % ont fait exclusivement du télétravail, 43 % ont travaillé en mode hybride, alors que 36 % ont travaillé en présentiel.

Tout à l’opposé, chez ceux qui gagnaient moins de 20 $ l’heure, 90 % ont travaillé en présentiel en 2022.

« Plus le salaire d’une personne est élevé, plus elle est susceptible de faire du télétravail », rapporte l’étude de l’ISQ.

Luc Cloutier-Villeneuve, analyste en statistiques du travail à l’ISQ, explique le phénomène par le type d’emploi occupé et le type d’industrie.

« Ça s’explique par notamment le type de profession qui est occupé par les plus hauts salariés. Souvent, ça va avec des niveaux d’études élevés tels qu’universitaires. On retrouve principalement des emplois de professionnels et aussi de gestionnaires, dans le domaine du secteur public et du secteur privé. On les retrouve principalement, les télétravailleurs, dans les industries des services professionnels, scientifiques et techniques, la finance, les assurances, l’immobilier et également les administrations publiques. Il y a beaucoup d’emplois qui offrent de bons salaires, pour lesquels la possibilité de faire du télétravail est très présente, étant donné qu’ils font du travail plus d’ordre cognitif, du travail qui fait appel à des technologies, entre autres. »

Plus de femmes

Aussi, les femmes font plus de télétravail que les hommes. En 2022, 40 % des travailleuses ont rapporté faire du télétravail, comparativement à 31 % des travailleurs, note l’ISQ.

Cette statistique peut sembler étonnante, puisque les femmes travaillent souvent dans les secteurs de la santé, de l’éducation, du commerce de détail — des domaines peu propices au télétravail.

M. Cloutier-Villeneuve fait toutefois valoir que les femmes sont aussi davantage présentes dans les administrations publiques, alors que les hommes occupent plus souvent des emplois manuels ou de production.

Moins populaire en région

Les régions du Québec sont touchées différemment par le télétravail. Le taux de télétravail atteint 45 % à Montréal, 44 % en Outaouais et 38 % à Québec. Luc Cloutier-Villeneuve l’explique par la présence de la fonction publique, et dans le cas de Montréal, la présence des services de la finance, des assurances et de l’immobilier.

À l’inverse, le télétravail est moins marqué dans des régions ressources comme l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord–Nord-du-Québec.

M. Cloutier-Villeneuve souligne l’appétit des télétravailleurs. « Parmi les personnes qui ont écrit que leur emploi était “télétravaillable”, elles sont en plus grande proportion à dire qu’elles n’en ont pas fait autant qu’elles l’auraient souhaité. Donc, il y a une intention, une volonté de faire plus de télétravail chez les personnes en télétravail. Et ça correspond avec les études qui démontrent, de façon générale, qu’il y a une satisfaction à l’égard du télétravail. »