Alors que beaucoup d’employés de bureau travaillent encore de leur domicile à temps plein, les entreprises ont dû revoir certaines de leurs pratiques de gestion des ressources humaines, notamment l’évaluation de la performance.

Selon un sondage de l’Ordre des CRHA mené au début du mois de juin, 67,1 % des employés des quelque 450 employeurs sondés sont actuellement en télétravail. En moyenne, 68,7 % des entreprises indiquent que leurs travailleurs sont autorisés à travailler de chez eux cinq jours par semaine.

La majorité des employeurs (63 %) vont toutefois diminuer ce nombre de jours au cours des prochains mois, lorsque la pandémie sera davantage sous contrôle. Une organisation sur cinq affirme pour sa part que les règles actuelles concernant le nombre de jours de télétravail autorisés demeureront en vigueur dans les prochains mois.

Au moment où le sondage a été réalisé, moins de la moitié des répondants (45 %) indiquaient avoir une politique formelle en matière de télétravail. Parmi ces derniers, 53 % jugeaient toutefois qu’elle devra être mise à jour.

Parmi les 55 % d’employeurs qui ne possèdent pas une telle politique, seulement 40 % disent avoir commencé à en élaborer une.

Surveiller les employés ou non?

L’adoption massive du télétravail a poussé les employeurs à modifier certaines pratiques en matière de gestion des ressources humaines. Par exemple, près de la moitié des répondants (47 %) disent mettre davantage l’accent sur les objectifs à court terme.

D’ailleurs, 57 % des répondants soutiennent fournir une liste de tâches et des échéances précises à leurs employés en télétravail. De plus, le contrôle de la présence des employés en télétravail est loin d’être marginale, alors que 37 % des entreprises disent avoir adopté une telle pratique. Comment s’y prennent-ils? Notamment en vérifiant les heures où les employés se connectent et se déconnectent du réseau, en s’assurant que les réponses aux courriels soient données dans un délai raisonnable ou encore grâce au suivi effectué par les gestionnaires.

Concernant l’approche concernant la rétroaction, les répondants sont divisés : 28 % disent favoriser plus qu’auparavant la rétroaction formelle auprès des employés, alors qu’une proportion similaire (25 %) disent au contraire faire moins de rétroaction en raison du télétravail.

Du côté de la formation et du développement des compétences, la plupart des employeurs (49 %) ont maintenu leurs budgets, tandis que 30 % les ont diminués, et 21 % les ont augmentés.

Le télétravail a toutefois eu peu d’impact sur la gestion de la rémunération et la gestion disciplinaire, alors que respectivement 77 % et 55 % n’ont pas modifié leurs façons de faire à cet égard. Plus du tiers des entreprises (39 %) indiquent toutefois faire de la gestion disciplinaire à distance seulement pour les cas extrêmes.

Quels frais sont remboursés?

Le fait de travailler à la maison peut entraîner certains frais pour les employés. À l’heure actuelle, les employeurs sont peu disposés à rembourser certains de ces frais. Si les ordinateurs sont fournis par la majorité des entreprises (64 %), ces derniers sont moins nombreux à rembourser les frais liés à un écran supplémentaire (40 %), au cellulaire (34 %) et aux fournitures de bureau (31 %).

Les autres frais encourus en raison de l’aménagement d’un bureau à domicile sont pour leur part très rarement payés par les employeurs. Il est ici question de l’internet haute vitesse illimitée (8 %), d’une imprimante (14 %), d’une chaise de travail ergonomique (14 %), d’un bureau de travail ergonomique (6 %) ou encore d’un service d’ergonomie à domicile (7 %).

Des avantages et des inconvénients

Après plusieurs semaines de télétravail à grande échelle, les employeurs considèrent que les principaux avantages de ce mode de travail sont la réduction des coûts d’opération, en particulier de loyer, l’augmentation de la productivité des employés, la possibilité de conjuguer plus facilement la vie personnelle et professionnelle ainsi que l’augmentation de la flexibilité des horaires.

Le télétravail comporte toutefois de nombreux inconvénients selon les répondants. Parmi eux, la diminution des échanges et de la collaboration, l’augmentation du sentiment d’isolement et de solitude, la disparition des conversations informelles favorisant l’esprit d’équipe et la diminution du sentiment d’appartenance des employés envers l’organisation. Certains employeurs s’inquiètent également du manque de contrôle et de suivi sur la productivité des employés, ainsi que de la question de l’hyperconnectivité.