Les employés canadiens peuvent s’attendre à un retour à la normale en ce qui concerne leur augmentation salariale l’an prochain. Le niveau élevé d’inflation pourrait toutefois gruger ces gains et compliquer la vie des employeurs.

Selon l’enquête annuelle sur les prévisions salariales de LifeWorks, les employeurs prévoient une augmentation des salaires de base annuels de l’ordre de 2,7 % en moyenne en 2022. Les données de l’enquête sur les augmentations salariales de Normandin Beaudry sont similaires, avec une hausse prévue de 2,8 %. Sont exclus de ces résultats les gels salariaux.

Ces augmentations salariales sont comparables à celles observées avant le début de la pandémie.

Les organisations semblent d’ailleurs retrouver un certain degré de certitude, et seront donc moins nombreuses à imposer des gels salariaux l’an prochain. Selon LifeWorks, 12 % des employeurs canadiens ont gelé les salaires en 2021, et 36 % en 2020. L’avenir s’annonce mieux, puisque seulement 3,3 % des organisations comptent geler les salaires en 2022. Il faut toutefois noter que 18,3 %  se disent encore indécises sur le sujet.

Les données de Normandin Beaudry sont assez semblables, avec 8 % des employeurs qui ont effectué un gel salarial en 2021, et seulement 3 % qui en envisagent un pour 2022.

Variation selon les secteurs

Plusieurs secteurs qui ont été grandement perturbés par la crise présentent des budgets d’augmentations salariales pour 2022 (excluant les gels) plus généreux que ceux qui avaient été prévus pour 2021, possiblement par volonté de rattrapage, note Normandin Beaudry. Parmi ceux-ci, trois secteurs atteignent minimalement la barre du 3 %, soit la fabrication (3 %), la construction (3,4 %), et les technologies de l’information (3,6 %).

LifeWorks anticipe également des hausses supérieures à la moyenne dans le commerce de gros (3,1 %) ainsi que dans les services d’hébergement et de restauration (3 %). En revanche, les augmentations seront plus faibles dans les soins de santé (2 %), les services d’enseignement (2 %) ainsi que dans l’information et la culture (1,9 %).

Normandin Beaudry constate par ailleurs que les grandes organisations se montrent plus prudentes, avec des augmentations de salaires plus modestes (2,5 %) que dans les petites organisations (3 %).

Des craintes liées à l’inflation

Malgré des budgets d’augmentation salariale qui renouent avec des niveaux prépandémiques, le contexte économique, lui a bien changé. Les augmentations de 2,7 % et 2,8 % envisagées par les employeurs sont inférieures au taux d’inflation actuel, ce qui est  source d’inquiétude pour les employeurs. La Banque du Canada a indiqué en juillet que l’augmentation de l’indice des prix à la consommation (IPC) devrait demeurer élevée au Canada tout au long de 2021 en raison de facteurs liés à la pandémie, après avoir dépassé 3 % au cours des mois d’avril à juillet. Toutefois, la banque centrale s’attend à ce que le taux d’inflation recule en 2022 pour atteindre la marque des 2 %, précise LifeWorks.

« Les augmentations salariales et la baisse des gels de salaires prévues constituent une bonne nouvelle qui devrait amener les employés à envisager la prochaine année avec confiance, soutient Guylaine Béliveau, directrice, services-conseils en rémunération à LifeWorks. Cependant, nous ne pouvons perdre de vue l’incidence imminente de la montée du taux d’inflation. Le roulement de personnel est un élément que les employeurs doivent examiner en priorité, car les employés se sentent peut-être serrés financièrement. En même temps, les employeurs sont aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Il est plus difficile que jamais d’attirer et de fidéliser les employés. Ces problèmes exercent une pression sur la capacité de payer des employeurs. »

Les experts de Normandin Beaudry précisent quant à eux que malgré des budgets d’augmentations salariales relativement stables, la pénurie de main-d’œuvre mettra une pression importante sur la masse salariale des organisations. La mobilité de la main-d’œuvre et l’émergence du télétravail auront vraisemblablement des répercussions sur l’inflation des salaires.