D’ici quelques semaines, la plupart des employés au pays reprendront le chemin du bureau au moins quelques jours par semaine. Mais dans une organisation du travail hybride, laisser aux travailleurs le choix des journées où ils veulent se présenter sur le lieu de travail et celles où ils veulent plutôt faire du télétravail risque de causer bien des complications.

C’est du moins l’avis de Nicholas Bloom, professeur d’économie à l’Université Stanford. Dans un article publié par le Harvard Business Review, il explique que s’il semble tout à fait raisonnable de traiter les employés « en adulte » et de leur laisser choisir les jours où ils préfèrent travailler de la maison, d’un point de vue organisationnel, il s’agit d’une mauvaise idée.

En effet, les employés qui seront à la maison pendant que leurs collègues seront au bureau risquent de manquer de nombreuses discussions de couloir, se sentir exclus du groupe et ne pas être au courant des dernières nouvelles de l’entreprise. Cela génèrera énormément d’anxiété, affirme l’auteur.

Mais pire encore, des horaires trop flexibles risquent de nuire à la diversité dans les entreprises. Les recherches menées par Nicholas Bloom tendent à démontrer que les femmes souhaitent travailler de la maison 50 % plus souvent que les hommes. Or, les employés trop souvent en télétravail nuiront à leur carrière, car leurs possibilités de promotion seront largement réduites. Beaucoup de gestionnaires interrogés par l’auteur avouent que les employés très souvent en télétravail évoluent moins rapidement au sein de l’entreprise, car ils sont trop éloignés des discussions et des centres de décisions

Autrement dit, les jeunes hommes célibataires qui seront très souvent au bureau vont rapidement monter les échelons, alors que les femmes qui ont des enfants, souvent à la maison, stagneront.

La meilleure façon d’envisager le travail hybride, conclut Nicholas Bloom, est donc que les gestionnaires de chaque équipe de travail déterminent les jours de télétravail et de présence au bureau des employés. Ainsi, tous les membres de l’équipe sont au bureau en même temps, ce qui limite les possibilités de discrimination et favorise la diversité.

Cette stratégie requiert cependant une coordination entre les équipes à l’échelle de l’entreprise pour éviter que les bureaux soient vides le lundi et le vendredi, et surutilisés en milieu de semaine.