Les entreprises de très petite taille n’ont pas accès au Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes alors qu’elles en auraient grandement besoin, déplore la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Le Compte d’urgence permet aux institutions financières d’offrir aux entreprises des possibilités de crédit sans intérêt pour une période déterminée et pouvant atteindre 40 000 $. Par ailleurs, 25 % de ce prêt pourrait être radié, jusqu’à concurrence de 10 000 $, si celui-ci est remboursé avant le 31 décembre 2022. Mais pour avoir droit à ce prêt, les entreprises doivent avoir une masse salariale entre 50 000 $ et 1 G$.

« Bien que l’endettement ne soit pas la solution idéale pour plusieurs entreprises, bon nombre ont demandé à bénéficier de cette bouée de sauvetage dont elles ont tant besoin. Malheureusement, les plus petites entreprises, celles qui ont une masse salariale inférieure à 50 000 $, n’y sont pas admissibles, » explique Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI.

Il en va de même pour les petites entreprises familiales qui privilégient un revenu de dividendes plutôt qu’un salaire, et pour celles qui sont en démarrage.

Aider le plus grand nombre

La fédération demande au gouvernement d’assouplir les critères d’admissibilité au programme afin que des entreprises plus petites et plus grandes y aient accès. « Nous espérons que le gouvernement fédéral ajustera ce programme, comme il l’a fait pour la Subvention salariale d’urgence du Canada », poursuit M. Guénette.

Plus précisément, la FCEI propose d’éliminer le critère d’amissibilité de la masse salariale, ou au moins de le faire passer de 50 000 $ à 10 000 $, et y inclure les revenus de dividendes versés aux membres de la famille qui travaillent au sein de l’entreprise. Elle souhaite également l’augmentation du plafond de la masse salariale de 1 à 2,5 M$. À défaut d’une telle modification, d’autres moyens, comme des prêts-subventions, devraient être envisager pour aider les entreprises un peu plus grandes qui sont complètement fermées et qui ont besoin de liquidités importantes pour payer leurs coûts fixes. Enfin, la FCEI suggère de permettre aux entreprises d’utiliser le prêt pour accéder immédiatement à une subvention de 10 000 $ qui les aidera à payer leur loyer.

Considérant la situation exceptionnelle, la FCEI recommande aux provinces de créer une subvention d’urgence qui allouerait aux chefs de PME jusqu’à 5 000 $ par mois, avril inclus, tant que les fermetures dues à la COVID-19 dureront. La Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse ont d’ailleurs déjà mis en place des mesures d’aide similaires.

« Avec peu ou pas de revenus, mais des charges et des factures qui continuent de s’accumuler, le risque de voir des entreprises prospères disparaître augmente de jour en jour. Dans ce contexte, les gouvernements provinciaux doivent donner du répit aux PME et faire plus en aidant directement les plus touchées grâce à un soutien direct pour les loyers, » explique François Vincent, vice-président Québec de la FCEI.

L’organisme souhaite également une réduction de 25 % des taxes municipales annuelles et une protection contre l’expulsion des locataires commerciaux en règle pendant toute la durée de la crise de la COVID-19.

Les propriétaires de PME pessimistes

Selon le plus récent sondage de la FCEI, seulement 20 % des entreprises sont totalement ouvertes à l’heure actuelle, alors que 49 % sont partiellement ouvertes, et que 28 % sont complètement fermées.

Près du quart (22 %) indiquent par ailleurs qu’elles ne génèrent aucune vente ou n’ont aucun revenu, et 33 % ont vu leurs revenus bruts chuter de 51 % à 99 %. En moyenne, les perturbations de la COVID-19 ont coûté jusqu’ici 206 000 $ aux PME, et 51 % des propriétaires au pays ne sont pas certains que leur entreprise survivra si les restrictions actuelles sont maintenues jusqu’à la fin du mois de mai.

D’ailleurs, 75 % des propriétaires au Canada pensent que les entreprises capables de respecter les règles strictes de distanciation sociale et de protéger convenablement leurs employés devraient être autorisées à rouvrir leurs portes. Au Québec, il s’agit de 81 % des chefs d’entreprise qui le pensent également.