Un grand nombre d’entreprises se montrent favorables à l’instauration d’un passeport vaccinal au sein de leur organisation, même si les modalités d’application d’une telle mesure demeurent encore floues.

Plus de deux manufacturiers canadiens sur trois (69 %) se disent en faveur d’un passeport vaccinal dans leur entreprise, mais moins du quart l’exigent actuellement, selon un sondage mené auprès de 850 entreprises manufacturières par Manufacturiers et Exportateurs du Canada et du Québec.

Les répondants souhaitent toutefois que le gouvernement émette rapidement des directives claires sur l’utilisation d’un tel passeport. La principale inquiétude liée à l’exigence du passeport sanitaire en milieu de travail demeure les risques juridiques.

« Il y a un flou actuellement sur l’utilisation du passeport vaccinal en milieu de travail. Les entreprises veulent s’assurer d’avoir les coudées franches pour aller de l’avant. Elles ne veulent pas se retrouver à gérer des contestations et elles craignent de perdre des employés, s’il y n’a pas de directive claire. Elles souhaitent pouvoir gérer adéquatement les risques avec leurs employés, leurs clients et leurs fournisseurs », mentionne Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec.

Selon l’organisme, des directives claires de Québec sur l’utilisation du passeport en milieu de travail permettraient aux employeurs de mieux gérer les risques.

En contrepartie, les répondants au sondage demandent à Québec que l’implantation du passeport vaccinal aille de pair avec des assouplissements aux mesures sanitaires pour les personnes doublement vaccinées, ce qui n’est toujours pas le cas.

« Nous sommes très conscients de la présence des variants, mais il faut encourager les gens qui sont doublement vaccinés en leur permettant des assouplissements, comme un retour au travail en présentiel ou encore des mesures allégées en matière de prévention », souligne Véronique Proulx.

Les syndicats réticents

Alors que le gouvernement du Québec a annoncé que la vaccination allait être obligatoire pour les travailleurs de la santé, les syndicats, dont la FTQ, s’inquiètent d’un éventuel élargissement de cette politique à l’ensemble des milieux de travail.

« Bien que la FTQ soit favorable à la vaccination, cette décision appartient au travailleur ou à la travailleuse. Ici, il est question de droits et libertés, du droit du travail, du droit à l’intégrité physique et du droit à la vie privée », soutient le président de la FTQ, Daniel Boyer.

Le syndicat estime qu’il appartient aux entreprises d’instaurer des mesures d’accommodements avant « de se permettre de transgresser les droits fondamentaux des travailleurs ». Il ajoute que ce n’est pas aux employeurs d’imposer la vaccination et d’en définir les modalités.

« Ça n’a aucun sens qu’une entreprise puisse exiger que ses travailleurs et travailleuses soient vaccinés pour des soucis opérationnels et des mesures économiques », affirme M. Boyer.

KPMG va de l’avant

En dépit de réticences de certains travailleurs et des risques juridiques, plusieurs entreprises ont déjà annoncé l’entrée en vigueur du passeport vaccinal au sein de leur organisation. L’une des dernières en date est KPMG, qui exigera que tous ses partenaires, employés et visiteurs qui se rendront dans ses bureaux soient doublement vaccinés à partir du 1er octobre.

De plus, tous les partenaires et membres de l’équipe de KPMG qui se rendront chez un client ou dans un emplacement hors site dans le cadre des activités de KPMG devront également être entièrement vaccinés. Selon un sondage interne réalisé par la firme d’audit auprès de 8 000 de ses employés, 92 % déclarent être vaccinés, et 77 % soutiennent qu’ils seraient plus à l’aise si une politique de vaccination était mise en place.

L’entreprise précise que des mesures d’adaptation seront mises en place pour quiconque ne peut pas être vaccinée pour des motifs protégés en vertu des lois relatives aux droits de la personne.