Une enquête du New York Times montre comment une chaîne d’hôpitaux psychiatriques américains garde des patients contre leur gré pour obtenir davantage d’argent par les assureurs.

L’escroquerie à l’assurance prend des formes multiples, comme l’ont constaté deux journalistes d’enquête du New York Times.

Dans cet article, les deux journalistes dévoilent comment le groupe Acadia, qui détient un des plus grands réseaux d’hôpitaux psychiatriques aux États-Unis, contraint des patients à demeurer dans ses établissements, contre leur volonté et alors que cela n’était pas médicalement nécessaire, dans le but de recevoir tous les paiements possibles de la part des assureurs.

L’enquête cite le cas de plusieurs patients gardés sans raison médicale. Elle mentionne également une enquête de police qui a montré que 16 patients d’un hôpital Acadia de Géorgie ont été retenus sans excuse ni raison valable.

Plus de 50 cadres et membres du personnel affirment que des patients étaient détenus pour des raisons financières plutôt que médicales. Si une personne en proie à une crise psychologique doit parfois être détenue contre son gré pour la stabiliser, ce n’était pas le cas pour ces patients.

« Acadia, qui facture 2 200 dollars par jour pour certains patients, déploie parfois toute une série de stratégies pour persuader les assureurs de prendre en charge des séjours plus longs, ont déclaré des employés. Acadia a exagéré les symptômes des patients. Elle a modifié les doses de médicaments, puis a prétendu que les patients devaient rester plus longtemps en raison de cette modification. Elle a également prétendu que les patients ne se sentaient pas assez bien pour partir parce qu’ils n’avaient pas fini leur repas », explique le New York Times.

« À moins que les patients ou leurs familles n’engagent des avocats, Acadia les retient souvent jusqu’à ce que leur assurance soit épuisée », précise le quotidien new-yorkais.

La firme Acadia a invoqué les lois sur la protection de la vie privée pour s’abstenir de commentaires sur les patients individuels. L’entreprise, qui gère 50 hôpitaux psychiatriques aux États-Unis, affirme cependant que les exemples cités par le New York Times ne sont pas représentatifs des nombreux expériences positives vécues par les patients. Elle affirme prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux incidents observés.

L’enquête du New York Times montre également comment l’équipe de développement commercial d’Acadia contacte directement les patients, en les incitant à ne pas passer par les urgences des hôpitaux.

« Acadia se présente également au personnel des salles d’urgence des hôpitaux qui ont été inondés de patients cherchant des soins de santé mentale. Les équipes de développement commercial font des visites de vente aux médecins et aux autres employés de l’hôpital, distribuant des brochures et vantant l’expertise du personnel d’Acadia et sa volonté d’accepter des patients difficiles. Parfois, ils viennent avec des beignets », pointe le New York Times.