Alors que l’étude détaillée de la réforme du régime de santé et sécurité du travail a repris mardi à Québec, la FTQ prévient qu’il faudra encore plusieurs amendements pour que le projet de loi soit « moyennement satisfaisant » pour les travailleurs.

Le projet de loi 59, déposé par le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, est une refonte fort attendue de deux lois qui datent de 1979 et 1985 en matière d’accidents du travail et de maladies professionnelles, ainsi qu’en matière de santé et sécurité du travail.

Mardi, après la reprise des travaux suivant l’ajournement de l’été, les députés en étaient à l’article 115 du volumineux projet de loi, qui compte 120 pages.

« J’espère qu’on va poursuivre toujours dans un esprit de collaboration, pour se donner au Québec un régime de santé-sécurité qui est à la hauteur des attentes, tant des employeurs que des travailleurs et des syndicats », a déclaré d’entrée de jeu le ministre Boulet.

Mais, pour la plus importante centrale syndicale au Québec, la FTQ, qui compte plus de 600 000 travailleurs, on est loin de la coupe aux lèvres, même si le ministre a déjà déposé de nombreux amendements à sa réforme.

« Il va falloir qu’on ait de véritables mécanismes de prévention, qui s’appliquent à tous les travailleurs, toutes les travailleuses, de tous les secteurs d’activités et tous les milieux de travail si on veut que ce soit moyennement satisfaisant. Puis à date, on n’a pas ça. On n’a pas ça dans le projet de loi initial, puis on n’a pas ça dans les amendements qui ont été déposés par le ministre », a critiqué en entrevue Daniel Boyer, président de la FTQ.

M. Boyer souligne aussi que la question de la reconnaissance de la surdité comme maladie professionnelle « reste à régler ». Selon les règles prévues, « ça prend une incapacité aux deux oreilles » pour être reconnu comme surdité, alors que chez les camionneurs, par exemple, il est fréquent qu’une seule oreille soit affectée.

La centrale syndicale reproche à la réforme de limiter les critères de reconnaissance de certaines maladies professionnelles. « On vient limiter les droits », déplore M. Boyer.

Recul dans le secteur de la construction

À la FTQ-Construction, on crie au « recul pour les travailleurs » avec cette réforme. Le grand syndicat qui représente 85 000 travailleurs dans la construction souligne que l’industrie représente 5 % de la main-d’œuvre, mais 25 % des accidents du travail.

« Depuis le début de l’étude du projet de loi du ministre Boulet, les amendements n’ont été que de la gestion de recul pour les droits des travailleurs et travailleuses. Les lois pour la santé et sécurité du Québec doivent être vues comme un outil pour protéger la vie des travailleurs, pas comme une mesure d’économie pour les employeurs », a critiqué Simon Lévesque, conseiller à la santé et sécurité à la FTQ-Construction.

Les employeurs, de leur côté, reprochent au régime d’être trop coûteux, trop lourd et de supposer trop de paperasse et de mécanismes. Ils disent vouloir un régime plus efficace et moderne.