Pressé par les représentants des employeurs de mettre fin à l’obligation du télétravail, le gouvernement Legault devrait être en mesure de le faire « bientôt », a indiqué lundi le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

Mais son collègue du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, continue de croire que le télétravail reste la meilleure organisation du travail, dans le contexte actuel. Et il a bien l’intention de s’appuyer sur les recommandations de la Santé publique avant de prendre une décision à ce chapitre.

Les deux ministres ont été interrogés au sujet d’un éventuel retour au travail sur place, au cours de deux conférences de presse distinctes, alors que les employeurs demandent de la « prévisibilité » et s’impatientent.

« C’est sûr qu’on veut travailler sur une fameuse “cédule” de prévisibilité », a dit le ministre Fitzgibbon, lors d’une conférence de presse portant sur la stratégie de l’aérospatial, lundi matin. « On en parle beaucoup. »

« Moi, j’anticipe qu’il puisse y avoir des développements. Mais, encore une fois, il faut que je m’appuie sur la Santé publique. C’est eux qui possèdent l’expertise. Mais je rappellerai que le télétravail, c’est LA meilleure organisation sanitaire dans le contexte actuel », a pour sa part commenté le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet.

« Il est clair que je veux le plus rapidement possible permettre aux entreprises d’avoir du travail en présentiel et de laisser aux entreprises la gestion sanitaire des règles, qui ont été établies. Je pense qu’on va arriver à ça bientôt », a opiné le ministre Fitzgibbon.

Toutefois, son collègue du Travail et de l’Emploi a même évoqué l’idée que les mesures sanitaires deviennent une habitude dans certains milieux de travail.

Il a rappelé que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) avait déjà publié « 26 ou 27 guides » traitant des mesures sanitaires dans des domaines comme le commerce de détail, la construction ou les entreprises manufacturières.

« Les entreprises qui pensent à la santé-sécurité de leurs travailleurs et les travailleurs qui pensent à leur propre santé-sécurité vont intégrer, vont “permanentiser”, si je peux me permettre l’expression, ces mesures-là. Et c’est relativement sanitaire de penser de cette manière-là. Donc : lavage de mains, désinfection, distanciation, port du masque, si c’est requis. Mais chaque entreprise va avoir à s’adapter, aura besoin d’avoir son propre protocole sanitaire », a conclu le ministre Boulet.

Le ministre du Travail dit toujours favoriser le modèle hybride. Le ministre Fitzgibbon, lui, a convenu que de nombreux employés ne seront pas nécessairement à l’aise de revenir dans les mêmes conditions qu’avant la pandémie et que cela pourrait représenter un enjeu de rétention de main-d’œuvre pour les employeurs.

Le patronat veut des indicateurs

Du côté du Conseil du patronat du Québec, le président et chef de la direction, Karl Blackburn, a demandé plus de prévisibilité dans le redéploiement de l’économie, une demande qu’a faite récemment la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

« Idéalement, ce serait d’obtenir une date », mais c’est difficilement faisable avec une pandémie et ses variants, a convenu M. Blackburn, assis aux côtés du ministre Boulet.

Il espère donc que ce redéploiement soit au moins « accroché à des indicateurs », comme le nombre d’hospitalisations ou le nombre de nouveaux cas par jour ou le nombre de patients aux soins intensifs. Cela permettrait aux employeurs de mieux savoir à quoi s’en tenir, croit-il.